Les microplastiques sont devenus omniprésents dans nos vies. Présents en très grand nombre dans l’air, dans les océans, dans les sols et dans notre alimentation, ils ont des conséquences catastrophiques sur l’environnement et notre santé. Des chercheurs de l’université de Bayreuth (Allemagne) ont démontré que les microplastiques peuvent se retrouver plus facilement dans le corps s’ils ont été au préalable en contact avec de l’eau douce ou salée. Les résultats de cette étude ont été publiés le 9 décembre 2020 dans la revue Science Advances.
Des conditions de tests réalistes
Pour faire le tri à travers l’immensité des microplastiques existants, les chercheurs se sont focalisés les particules de plastique avec un diamètre d’environ trois micromètres, les plus présents dans la nature. Afin de simuler au mieux les conditions réelles, une partie de ces microplastiques a été placée dans de l’eau douce provenant d’un lac artificiel, tandis que le reste a été mis en contact avec de l'eau salée issue d'un aquarium marin. Des biomolécules, qui sont ici des cellules de souris, ont ensuite été déposées à la surface de l’eau pendant deux semaines.
Au bout de quelques semaines, les chercheurs sont venus voir comment s’était passée l’interaction entre les microplastiques et les biomolécules. Grâce à un agent de contraste appliqué sur les biomolécules, les chercheurs ont mis en lumière les filaments d’actine, des structures à l’intérieur des cellules. Le but ici, est de voir si les microplastiques ont pénétré à l’intérieur de la cellule ou s’ils sont restés à la périphérie. En regardant à l’intérieur à l’aide d’un microscope, les chercheurs ont été choqués de constater que les microplastiques étaient présents en nombre. Dans leur conclusion, ils parlent même de “trous noirs” pour évoquer ces amas de plastique.
Des microplastiques à l’intérieur des cellules
“Le marquage fluorescent des filaments d'actine nous a permis de voir exactement quelles particules étaient intériorisées par les cellules. Grâce aux méthodes spectroscopiques, nous avons vérifié que ces particules étaient bien des microplastiques — ou plus précisément, des particules de polystyrène — et non des impuretés accidentelles, souligne Holger Kress, professeur de physique biologique à l’université de Bayreuth. Notre étude soutient l'hypothèse que les microplastiques qui ont été exposés à l'environnement naturel - et sont donc enrobés de biomolécules - non seulement passent par le tube digestif lorsqu'ils sont ingérés avec des aliments, mais peuvent également être incorporés dans les tissus. L'enrobage des biomolécules peut agir comme une sorte de cheval de Troie qui permet aux plastiques d'être internalisés dans les cellules vivantes. Les dommages précis que les particules peuvent causer ici n'ont pas encore été suffisamment étudiés. De plus, on ne sait pas encore très bien quelles sont les propriétés des microplastiques qui sont réellement responsables des effets négatifs.”
En effet, à la différence des autres résultats, dans le groupe témoin, constitué de particules microplastiques immergées dans de l'eau ultra pure, l’insertion des microplastiques dans les cellules ne s’est pas produite. Il s'est avéré que ces microplastiques non traitées n'étaient qu'occasionnellement absorbées par les cellules.