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Hypocondrie

Les douleurs thoraciques ne signifient pas forcément que le cœur va mal

Dans deux tiers des cas, les douleurs thoraciques proviennent de problèmes musculaires au dos ou au niveau des côtes, sans pour autant que cela ait un rapport avec le cœur. 

Les douleurs thoraciques ne signifient pas forcément que le cœur va mal iStockphoto.com/AntonioGuillem




L'ESSENTIEL
  • Deux tiers des douleurs thoraciques ne viennent pas du cœur, mais des muscles et des organes qui sont autour.
  • Malgré les examens qui prouvent que le cœur et les artères vont bien, certains patients n'arrivent pas à admettre que leur jugement n'est pas le bon.
  • Des professionnels de santé doivent faire preuve de plus de pédagogie pour rassurer les patients.

Les perceptions du corps ne sont pas forcément les bonnes. En ce qui concerne les douleurs thoraciques, elles ne sont pas toutes liées à des problèmes cardiaques. C’est la problématique soulevée par une équipe de recherche lors du dernier Best of Imaging 2020, un congrès organisé par la Société européenne de cardiologie, qui s’est tenu virtuellement les 11 et 12 décembre 2020.

Durant la conférence, les chercheurs ont présenté une étude qui porte sur les douleurs thoraciques non liées à des problèmes cardiaques. Ces douleurs constituent l’une des causes les plus fréquentes de consultation aux urgences, c’est d’ailleurs ce qui a amené 92 patients âgés entre 51 et 63 ans et à venir voir un médecin aux urgences.

Des patients pas rassurés malgré de bons résultats

Pour s’assurer que les douleurs qu’ils ressentaient n'étaient sont pas liées à un problème cardiaque, elles ont toutes subi un examen tomodensitométrique des artères coronaires qui n’a démontré aucune atteinte au niveau cardiaque. “Des études antérieures ont montré que ces patients ne font pas confiance aux résultats de leurs examens et pensent toujours qu'ils souffrent de maladies cardiaques”, indique Isabel Krohn, radiologue à l'hôpital universitaire Haukeland de Bergen (Norvège).

Rien que pour l’année 2018, 600 personnes se sont présentées aux urgences de l’hôpital universitaire Haukeland pour des douleurs thoraciques. Parmi elles, un tiers, soit 200 personnes, avaient des artères saines selon les résultats des scanners, c’est-à-dire qu'il n'y avait ni dépôts de calcium ni rétrécissement de la lumière artérielle. 

Des études similaires réalisées dans d’autres hôpitaux indiquent que chez les deux tiers des patients, les douleurs thoraciques avaient une origine non cardiaque. Le plus souvent, ces douleurs ont des causes multiples, à cause des organes et des muscles qui jouxtent la cage thoracique. Ainsi, les douleurs les plus fréquentes sont dues à une indigestion ou à un reflux gastrique, des troubles musculo-squelettiques tels que les douleurs dorsales ou les douleurs musculaires entre les côtes, voire même des problèmes psychologiques comme les crises de panique et l’anxiété.

Un effort de pédagogie 

J'ai remarqué qu'un certain nombre de patients venus pour un scanner coronarien afin de diagnostiquer leurs douleurs thoraciques avaient déjà subi un scanner coronarien et d'autres examens cardiaques qui n'avaient révélé aucun signe de maladie coronarienne”, souligne Isabel Krohn. Pour convaincre les 92 patients que leurs douleurs n’avaient rien à voir avec le cœur, les médecins ont dû leur expliquer à trois reprises les maux dont ils souffraient.

Dans la première partie, les participants ont reçu des informations détaillées sur l'examen tomodensitométrique qu'ils ont subi, à la fois oralement et par l’intermédiaire d’une brochure rédigée en termes compréhensibles. Cela comprenait les différentes raisons des douleurs thoraciques, la faible probabilité de résultats inexacts et le très faible risque d'une future crise cardiaque lorsque les scanners montrent des artères saines. Dans un deuxième temps, les participants ont pu voir leurs propres images de score de calcium pour renforcer visuellement le message de la brochure. Enfin, le radiologue a dit aux patients que leurs résultats étaient normaux.

J'ai expliqué les informations contenues dans la brochure et l'image, et j'ai subtilement posé des questions pour savoir si le patient comprenait. Cela a permis de personnaliser l'enseignement. Les séances duraient de cinq à quinze minutes selon le degré d'explication requis par chaque patient. Je pense que le fait de discuter des résultats avec les patients immédiatement après le test les aide également à accepter les résultats, insiste Isabel Krohn. Ce type d'enseignement est susceptible de devenir plus courant dans les années à venir comme moyen d'améliorer les connaissances en matière de santé.

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