Elle est souvent présentée comme une pratique "écolo", notamment lorsqu'elle est utilisée comme un combustible renouvelable. Mais cette biomasse composée de matières d'origine végétale ou animale participe elle aussi à la pollution de l’air et à l'émission de particules fines qui eraient à l’origine chaque année de 800 000 décès prématurés en Europe et 9 millions dans le monde. L'inhalation de particules brûlant de la biomasse provoque un stress oxydatif et de nombreuses maladies telles que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et l'asthme, révèle une nouvelle étude publiée le 14 décembre dans le dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Celle-ci ajoute que les effets toxiques de les aérosols provoqués par la combustion de la biomasse sont largement sous-estimés.
L’hiver, des niveaux d’aérosol élevés
Ces aérosols organiques oxydés provenant de la combustion de la biomasse sont particulièrement toxiques, connus pour contenir une grande quantité de substances cancérigènes ou mutagènes. Ces aérosols oxydés se forment en présence de la lumière du soleil et il faut des jours de traitement atmosphérique pour atteindre les niveaux observés dans l'environnement. Naturellement, cela implique que des aérosols oxydés se forment pendant la journée et surtout pendant les périodes de soleil abondant, comme en été.
Pas besoin de soleil pour se former
Les chercheurs ont découvert qu’en hiver, des quantités considérables d'aérosols organiques oxydés se forment, souvent pendant les périodes de combustion intense de la biomasse, comme le chauffage au bois. Dans leur étude, les scientifiques ont montré que cette source sous-estimée de particules secondaires oxydées provient de l'oxydation nocturne des émissions de combustion de la biomasse. Grâce à une combinaison de mesures en laboratoire et d'observations sur le terrain, ils ont remarqué que les émissions provenant de la combustion de la biomasse sont rapidement oxydées pendant la nuit et l'aérosol généré est similaire à celui observé dans les environnements urbains en hiver.
Ces découvertes sont importantes puisqu’elles montrent que la lumière du soleil n’est pas nécessaire pour générer rapidement des quantités importantes d'aérosols oxydés. Ce mécanisme peut ainsi expliquer les niveaux paradoxalement élevés de pollution organique en milieu urbain pendant les épisodes de brume hivernale, comme en Europe et en Chine. Enfin, ces travaux révèlent le rôle de la combustion de la biomasse comme source de pollution de l'air la nuit, en hiver et pendant d'autres périodes de faible activité solaire.