"Mon entourage s’inquiète beaucoup pour ma santé, c’est vrai, mes enfants, ma femme. En ce qui me concerne, ça me fait juste peur pour ma santé physique mais la passion passe toujours avant. Ce que je remarque en vieillissant c’est que j’ai de plus en plus de mal à supporter les résultats et de m’approcher du match. Quand tu as finis ta causerie de 17h30/18h, que tu dois attendre jusqu’à 19h ou 20h le match, les deux heures qui sont là, c’est horrible ! Qu’est-ce que c’est stressant !". Comme en témoigne l’actuel entraîneur de l’AJ Auxerre Jean-Marc Furlan sur France Info, le métier d’entraîneur de football est particulièrement stressant, et donc potentiellement dangereux pour la santé.
"20% de bonheurs et 80% d’embrouilles, de soucis et de conflits"
Certains disent d’ailleurs qu’il serait à l’origine du décès lundi 14 décembre au matin de Gérard Houllier, ancien sélectionneur de l'équipe de France de football, puis de l'OL et de Liverpool. Emporté à l'âge de 73 ans par ses problèmes cardiaques (il venait de subir une opération de l’aorte, NDLR), Gérard Houllier définissait d’ailleurs le métier d’entraîneur comme "20% de bonheurs et 80% d’embrouilles, de soucis et de conflits".
Comme lui ont recommandé ses médecins à maintes reprises, on ne peut que conseiller à ceux qui ont des métiers trop stressants de lever si possible le pied assez rapidement, même s’il s’agit d’un métier passion. Trop de pression quotidienne peut notamment provoquer des maladies digestives, des troubles cardiovasculaires, des infections, de l’hyperthyroïdie, ainsi que des problèmes musculaires ou gynécologiques, sans parler des problèmes mentaux (burn-out, dépression…).
55% des Français ressentent du stress au travail
Comme le regretté Gérard Houllier, 55% des Français ressentent du stress au travail, et ce au moins une fois par semaine. Si le métier d’entraîneur sportif n’a jamais été évalué, les secteurs engendrant le plus de pression au sein de l’Hexagone sont ceux de l’immobilier (68% des salariés), des médias et de la construction (67% des salariés dans les deux cas). En 2014, la FIFA a révélé que 25% des joueurs professionnels de football des championnats européens souffrent de maladies mentales liées au stress et à l’anxiété.
Pourtant, à peine 15% des travailleurs se sentent assez en confiance pour parler de leur mal-être à leur manageur, et seuls 9% sont prêts à en informer les ressources humaines, selon l’étude Workforce View 2020, menée par le ADP Research Institute. Carlos Fontelas De Carvalho, président d’ADP, déplore : "malgré plusieurs tentatives d’employeurs de s'attaquer à ces tabous, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'avoir des conversations ouvertes sur le sujet. Echanger sur sa santé au travail demeure en effet difficile, soit par crainte que cela ne nuise à sa carrière, soit en raison de sensibilités culturelles."