- Le cadmium affaiblit les défenses immunitaires des poumons.
- A long terme, cela permet aux maladies pulmonaires de nous attaquer plus facilement et d'avoir des formes plus graves.
Dire que la cigarette est mauvaise pour la santé revient à enfoncer une porte ouverte. Pourtant, parmi les plus de 4 000 produits chimiques recensés dans la cigarette, certains sont plus nocifs que d’autres, à l’image du cadmium. Dans une étude parue dans le numéro de décembre du magazine Environmental Health Perspectives, des chercheurs des universités de Montréal (Canada), de Californie du Sud et de Washington (Etats-Unis) ont mis en lumière les taux de mortalité plus élevés chez les patients atteints de grippe, de pneumonie ou d’autres maladies respiratoires comme la Covid-19.
Le cadmium est un élément chimique que l’on retrouve à faible dose dans l’alimentation (céréales, riz, soja, chou, brocoli, etc.) mais également dans la cigarette. A long terme, l’exposition au cadmium, même à de faibles doses, peut affaiblir le système immunitaire de nos poumons. C’est ainsi que les personnes ayant des taux élevés de cadmium dans le corps peuvent ne pas être capables de faire face aux attaques d’un virus comme la grippe.
Des défenses immunitaires affaiblies
Pour comprendre ce qui a incité les chercheurs à se pencher sur le cas du cadmium, il faut revenir au début de l’année. Là, les premières données sur les morts de la Covid-19 qui a débuté à Wuhan, en Chine, montrent que les patients partagent quelques caractéristiques: ce sont majoritairement des hommes, fumeurs et âgés.
Matti Sirén, chercheur à l’institut finlandais de recherche forestière et co-auteur de l’étude, a contacté Sung Kyun Park, professeur associé d'épidémiologie et de sciences de la santé environnementale à l'école de santé publique de l'université du Michigan, et Howard Hu, professeur et directeur du département de médecine préventive de l’université de Californie du Sud, à propos des travaux qu’ils ont réalisés il y a dix ans sur les effets du cadmium sur les maladies chroniques, notamment les maladies pulmonaires et cardiovasculaires.
Désireux d'étudier l'association entre le cadmium et la Covid-19, mais manquant de données à cet instant pour effectuer des tests, les trois chercheurs se sont alors concentrés sur l'étude de l'association potentielle du cadmium à d'autres infections virales : la grippe et la pneumonie. Les chercheurs se sont penchés sur les données de la National Health and Nutrition Examination Survey américaine de 1988-1994 et de 1999-2006. Ces statistiques, qui regroupent 16 000 participants, ont permis de mesurer les taux de cadmium dans les urines et dans le sang.
Une augmentation des risques pulmonaires mortels
Après ajustement en fonction de l'âge, du sexe, du groupe ethnique, de l'éducation, de l'indice de masse corporelle, du cholestérol et de l'hypertension, les chercheurs ont constaté que les patients dont le taux de cadmium se situait dans le 80e centile avaient 15 % plus de chances de mourir de grippe ou de pneumonie que ceux du 20e centile. Parmi ceux qui n'ont jamais fumé, la différence était encore plus grande, avec un risque de mortalité 27 % plus élevé chez les personnes se situant dans le 80e centile par rapport au 20e centile.
“Les associations que nous avons trouvées doivent être vérifiées dans d'autres populations et également étudiées en ce qui concerne l’influence potentielle du cadmium sur la morbidité et la mortalité liées à la Covi-19, indique Howard Hu. Malheureusement, le corps humain a beaucoup plus de mal à excréter le cadmium que d'autres métaux toxiques, et sa présence dans de nombreux aliments nutritifs signifie qu'il est essentiel de continuer à réduire les sources de pollution environnementale qui contribuent à sa présence dans l'air, le sol et l’eau.”