- L'Institut Pasteur a étudié les lieux et circonstances propices à une contamination par le SARS-CoV-2
- Les réunions familiales, privées et professionnelles sont parmi les situations les plus à risque
Rendue publique jeudi 17 décembre, une nouvelle étude de l’Institut Pasteur*, baptisée ComCor, appuie la décision gouvernementale de fermer bars et restaurants, et la recommandation de limiter les réunions amicales, familiales ou professionnelles. "L’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs sociodémographiques, les lieux fréquentés et les comportements associés à un risque augmenté d’infection par le SARS-CoV-2", précisent les auteurs en préambule.
Contaminations au sein et hors du foyer
Lors des contaminations au sein du foyer (35% des contaminations quand la personne source est connue), il s’agit avant tout pour ces adultes d’une contamination par le conjoint (64% des cas). "Le fait que les enfants soient a/ou peu symptomatiques quand ils sont infectés peut expliquer qu’ils ne soient pas souvent identifiés comme personne source de l’infection", précisent les chercheurs.
Pour les contaminations hors foyer (65% des contaminations quand la personne source est connue), il s’agit avant tout de contaminations dans le cercle familial (33%), puis dans le milieu professionnel (29%) et enfin dans le milieu amical (21%). Les repas jouent un rôle central dans ces contaminations, que ce soit en milieu familial, amical, ou, à moindre degré, professionnel.
A l’inverse, télétravailler (par rapport à une personne ayant un travail de bureau en présentiel), prendre le bus ou le tramway, faire du sport en extérieur ou avoir fréquenté des commerces (alimentaires, prêt-à-porter…) n’ont pas été associés à un risque supérieur d’infection par le SARS-CoV-2 pendant le couvre-feu ou le confinement partiel.
Risque de contamination en fonction des professions
Comparés aux cadres de la fonction publique qui ont un "risque moyen" de contracter la Covid-19, les cadres administratifs et commerciaux, les ouvriers dans l’industrie, les chauffeurs et les professions de la santé ou du travail social, ont eu un risque plus élevé d’infection par le SARS-CoV-2 pendant le couvre-feu ou le confinement partiel. Être plus nombreux à vivre dans le même foyer, notamment avec des enfants en crèche ou scolarisés, avoir participé à une réunion professionnelle en présentiel, pratiquer le co-voiturage, avoir fréquenté bars, restaurants ou salles de sport et enfin avoir participé à une réunion privée (amicale ou familiale) ont également été associés à un risque augmenté d’être contaminé par le coronavirus.
Toujours comparés aux cadres de la fonction publique, les enseignants (école ou université), les scientifiques, les employés civils et agents de service de la fonction publique, les employés administratifs d’entreprise, les étudiants, les agriculteurs, les hommes et les femmes au foyer et les personnes appartenant à la fonction publique ont eu un risque moins élevé d’infection par le SARS-CoV-2 pendant le couvre-feu ou le confinement partiel.
Prudence pour les fêtes de fin d’année
Selon Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur et professeur du Conservatoire national des arts et métiers : "cette étude montre le risque élevé d’infection par le SARS-CoV-2 à l’occasion des repas et des réunions privées. Il sera très important de minimiser ce risque à l’occasion des rassemblements qui accompagneront les fêtes de fin d’année".
Ces résultats sont à considérer avec beaucoup de prudence, car "ils ne concernent que la période du couvre-feu et celle du confinement, et peuvent être entachés de biais importants du fait de la sélection de la population d’étude qui ne représente qu’une fraction faible de toutes les infections, et de la possibilité que certaines réponses aient été influencées par la connaissance du statut malade ou non malade de la personne qui a répondu", précise l’Institut Pasteur.
"Il demeure cependant que ces résultats sont conformes aux données de la littérature pour ceux qui ont déjà été rapportés dans d’autres études, et cohérents avec ce que nous savons de la transmission du SARS-CoV-2", concluent les chercheurs.