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Psychologie

Comment notre cerveau nous aide à garder l'espoir

Même dans une situation difficile ou qui semble sans issue, notre cerveau, pour peu qu’il ne se compare pas aux autres, nous aide à garder espoir. Ce comportement déclenche des notions de contrôle, qui évitent d’aggraver la situation et aident à remonter la pente.

Comment notre cerveau nous aide à garder l'espoir iStockphoto.com/RomoloTavani




L'ESSENTIEL
  • L'optimisme nous permet de ne pas sombrer dans des conduites à risques comme l'alcool, la drogue ou le jeu.
  • La privation relative, qui compare les gens entre eux, est le meilleur moyen de se sentir inférieur.

L’avantage en touchant le fond, c’est qu’on ne peut que remonter. Garder l'espoir, rester optimiste ou voir le verre à moitié plein quelles que soient les adversités se joue en grande partie dans le cerveau. Pour comprendre quels sont les mécanismes qu'il utilise pour nous aider à garder le moral en traversant des épreuves difficiles, des chercheurs de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) ont soumis des volontaires à des situations critiques qui leur laissaient... peu d’espoir. 

Pour cette expérience, les chercheurs ont voulu étudier la privation relative, un phénomène en psychologie qui joue sur le fait que des personnes possèdent des choses meilleures que vous, voire qu’elles ont une vie meilleure que la vôtre. Ce concept, basé sur la comparaison sociale entre individus, met en lumière l’insatisfaction que peuvent éprouver des personnes vis-à-vis de leur existence sociale, le tout souvent assorti d’un sentiment d’injustice. A juste titre, la privation relative met à rude épreuve l’optimisme que peut ressentir une personne face à une situation. 

La privation relative, l’art de se comparer aux autres

Chez certaines personnes, la privation relative les entraînera à avoir des comportements à risque tels que la consommation d’alcool, de drogues, les jeux d’argent ou une alimentation incontrôlée. Pour d’autres en revanche, aucun comportement dangereux ne se mettra en place pour compenser, grâce à l’espoir. “Je pense que la plupart des gens ont connu une relative privation à un moment donné de leur vie. C'est ce sentiment d'être malheureux de son sort, la conviction que sa situation est pire que celle des autres, que les autres s'en sortent mieux que soi”, indique Shahriar Keshavarz, chercheur en psychologie à l’université d’East Anglia. 

L’équipe de recherche a mené deux expériences en laboratoire avec 55 volontaires qui ont été interrogés pour savoir à quel point ils ressentaient une relative privation et de l’espoir. Pour accentuer la chose, les chercheurs ont volontairement induit un sentiment de privation relative chez les participants, en leur disant à quel point ils étaient défavorisés par rapport à leurs pairs, sur la base d'un questionnaire sur le revenu familial, l'âge et le sexe. Ils ont ensuite pris part à des jeux de hasard spécialement conçus, qui impliquaient la prise de risques et le placement de paris avec une chance de gagner de l'argent réel.

Le but de cette partie de l'étude était de voir si le fait de se sentir relativement démuni — parce qu'on sait que l'on a moins d’argent que les autres par exemple — entraîne une plus grande prise de risques chez ceux qui ont peu de chances de gagner et une moindre prise de risques chez les personnes qui ont beaucoup de chances de gagner, précise Piers Fleming, également chercheur en psychologie à l’université d’East Anglia. Nous avons examiné les personnes ayant obtenu un score élevé pour la privation relative, celles qui pensaient que leur situation dans la vie était pire que celle de leur entourage, et nous nous sommes penchés sur ceux qui ont également obtenu un score élevé pour l'espoir. Nous avons constaté que les volontaires qui ont obtenu un score élevé pour l'espoir étaient beaucoup moins susceptibles de prendre des risques dans le jeu. Ceux qui n'avaient pas trop d'espoir étaient beaucoup plus enclins à prendre des risques.”

L’espoir aide à ne pas perdre le contrôle

Dans un autre test, réalisé cette fois avec 122 participants qui avaient joué au moins une fois à un jeu de hasard au cours des douze derniers mois, les chercheurs ont voulu déterminer si l'espoir les aidait dans le monde réel. Les volontaires ont donc dû répondre à des questionnaires pour évaluer leur niveau d'espoir, leur sentiment de privation et leur problème de jeu. Parmi les participants, 33 n'avaient aucun problème de jeu (27 %), 32 avaient un faible niveau de problèmes (26 %), 46 avaient un niveau modéré de problèmes entraînant certaines conséquences négatives dans leur quotidien (38 %) et 11 étaient des joueurs à problèmes avec une possible perte de contrôle (9 %).

En comparant ces résultats avec ceux obtenus pour l'espoir et la privation relative, les chercheurs ont constaté qu’avoir de l’espoir en général réduisait la probabilité de perdre le contrôle face à un jeu, même chez ceux qui ont connu une privation relative. “Il est intéressant de noter que notre étude n'a trouvé aucune relation significative entre l'espoir et la gravité du jeu chez les personnes relativement privilégiées. Nous ne savons pas pourquoi, mais il se pourrait qu'elles jouent de manière récréative ou qu'elles soient mieux à même de s'arrêter lorsque le plaisir s’arrête”, souligne Shahriar Keshavarz. Ainsi, nourrir l'espoir chez les personnes qui sont s’apitoient sur leur sort pourrait les protéger contre des comportements nuisibles.

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