Le fonctionnement métabolique de la ménopause est encore mal compris par la communauté scientifique. Depuis les années 1990, une vaste étude a été lancée pour comprendre quels étaient les changements profonds initiés par cette transition hormonale dans la vie des femmes. Selon une étude réalisée par des biostatisticiens de l’université du Massachusetts Amherst (Etats-Unis), l'hormonothérapie orale modifie de manière significative le métabolome des femmes ménopausées. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Circulation: Genomic and Precision Medicine.
Un phénomène qui touche toutes les femmes
La ménopause est un phénomène naturel qui touche toutes les femmes et qui se produit avec l’âge, lorsque les ovaires cessent de fonctionner. Scientifiquement, on parle de ménopause lorsqu’une femme n’a pas eu de cycles menstruels depuis plus de 12 mois. Avec l’arrêt des cycles menstruels survient également la fin des sécrétions des hormones féminines que sont les œstrogènes et la progestérone. La ménopause s’accompagne de symptômes plus ou moins accentués en fonction des femmes (sécheresse vaginale, bouffées de chaleurs, troubles du sommeil, sueurs nocturnes). Pour y remédier, il est possible de faire appel à l’hormonothérapie substitutive, afin de compenser l’arrêt des hormones. Quant au métabolome, il correspond à l’ensemble des molécules et des interactions métaboliques présentes dans un organisme, une cellule ou un échantillon biologique.
En 1990, le Women’s Health Initiative a été une étude permettant d’examiner les échantillons de sang de millions de femmes à travers le monde pour mieux comprendre le fonctionnement de la ménopause. Les essais de thérapie hormonale du Women’s Health Initiative dans les années 1990 ont permis d’examiner les effets sur les maladies coronariennes, le cancer du sein et d'autres affections de deux thérapies hormonales - l'œstrogène seul et une combinaison d'œstrogène et de progestatif.
A ce moment-là, les chercheurs avaient constaté que la thérapie combinée augmentait significativement le risque de coronaropathie de 29 %. De son côté, l'œstrogène seul diminuait le risque de coronaropathie de 9 %, bien que cet effet ne soit pas statistiquement significatif.
Des marqueurs de maladies présents dans le métabolome
Grâce aux nouvelles technologies, notamment les techniques de chromatographie liquide et de spectrométrie de masse (LC-MS), les chercheurs ont mesuré 481 métabolites dans des échantillons de sang des participants à l'essai d'hormonothérapie de la Women’s Health Initiative. Ainsi, 503 métabolites ont été trouvés chez les femmes du groupe oestrogène seul, dont la moitié sous placebo, et 431 dans le groupe oestrogène plus progestatif, dont la moitié sous placebo.
La plupart des modifications des métabolites correspondaient à un type d'hormonothérapie en particulier, et les chercheurs ont identifié 22 métabolites qui avaient des effets discordants. Douze d'entre eux ont été associés à un risque de coronaropathie lors d'une évaluation d'un ensemble de données indépendant de la Women’s Health Initiative.
Toutefois, dans le cadre d'un traitement à base d'œstrogènes seuls, les modifications des 12 métabolites ont eu un effet protecteur contre les maladies coronariennes. Avec l'association oestrogène-progestine, 11 métabolites sont restés inchangés. Enfin, L'œstrogénothérapie seule augmente le taux de lysine, ce qui a un effet protecteur, et l'association œstrogène plus progestatif diminue le taux de lysine, ce qui augmente le risque de maladie coronarienne.
Selon les chercheurs, cela révèle “des changements profonds dans le métabolome, couvrant un large éventail de classes, y compris les lipides, les acides aminés et d'autres métabolites de petites molécules”, souligne Raji Balasubramanian, professeur associé à l'École de santé publique et des sciences de la santé de l’université du Massachusetts Amherst. Pour faire simple, 62% des métabolites ont été modifiés de manière significative avec un traitement à base d'œstrogènes seuls, et 52 % avec un traitement à base d'œstrogènes et de progestatif.
Des recherches complémentaires sont actuellement en cours pour identifier d’autres changements dans le métabolome qui pourraient être liés à l’hormonothérapie chez un groupe plus large de femmes. Cela permettra de mieux comprendre les changements et les risques pour la santé associée à cette période de la vie des femmes.