Profitez bien des dernières semaines estivales, le retour inéluctable du froid risque de vous porter au moral, mais aussi au cœur. Deux études, suisse et belge, présentées ce matin au Congrès européen de cardiologie, qui se tient jusqu’au 4 septembre à Amsterdam montrent que l’hiver n’est vraiment pas la saison du cœur.
En comparant les facteurs de risque cardiovasculaires de plus de 100 000 adultes Belges, Danois, Français, Italiens, Norvégiens, Russes et Suisses, une équipe de Lausanne a mis en évidence de véritables variations saisonnières. Leur pression artérielle, leur tour de taille et leur taux de cholestérol total étaient plus élevés que la moyenne annuel en janvier-février et plus bas que la moyenne pendant les mois de juillet et août. « Les différences sont presque imperceptibles pour l’individu mais à l’échelle d’une population, elles expliquent la saisonnalité observée dans les décès par maladies cardiovasculaires, plus fréquents l’hiver et moins fréquents l’été », a expliqué le Dr Pedro Marques-Vidal.
L’alimentation hivernale incriminée
Les sujets de l’étude avaient en moyenne un cm de tour de taille supplémentaire et 0,25 mmol/L de cholestérol de plus en hiver. Pour les chercheurs suisses, l’explication se situe probablement du côté des habitudes alimentaires de l’hiver. Toutes les plats riches en pommes de terre et en fromage ne sont pas vraiment connus pour être diététiques et la saison froide ne favorise pas l’exercice physique, pour tous ceux qui ne dévalent pas les pistes de ski. « Notre étude à grande échelle montre que certains facteurs de risque cardiovasculaire prennent des vacances pendant l’été. L’hiver, les gens ont besoin de faire des efforts supplémentaires pour faire de l’exercice et manger sainement afin de protéger leur santé », a recommandé le chercheur suisse, dont l’équipe est en train de confirmer ces premiers résultats par une étude dans l’hémisphère Sud.
Les chutes de température déclenchent des infarctus
« Chaque baisse brutale de température de 10° est associée à une augmentation de 7% des infarctus », a expliqué le cardiologue belge Marc Claeys, s’appuyant sur les données de 73 stations météorologiques et 16 000 personnes hospitalisées pour un infarctus en Belgique entre 2006 et 2009. Selon son étude, également présentée ce matin au Congrès européen de cardiologie à Amsterdam, les chutes de températures doivent être considérées comme ce que les spécialistes appellent des « triggers d’infarctus », c’est à dire des facteurs déclenchants.
Exposée au froid, notre peau maintient la température du corps en resserrant le diamètre de tous les petits vaisseaux sanguins périphériques. Cette vasocontriction s’accompagne d’une augmentation de la tension, du rythme cardiaque et de la viscosité du sang, ce qui pourrait expliquer la formation de caillot et le déclenchement d’infarctus accru avec le froid. « Les personnes à risque d’infarctus, par exemple les personnes âgées, les diabétiques ou les hypertendus doivent éviter les changements brusques de températures, a conseillé le Pr Marc Claeys. Cela signifie bien se couvrir lorsqu’on passe de l’intérieur à l’extérieur plus froid, même en dehors de l’hiver ». Son équipe a en effet mis en évidence que les chutes brusques de températures étaient plus préjudiciables que le grand froid lui-même. En dessous de 10°, les baisses de températures n’ont plus d’effets additionnels sur le risque d’infarctus. Cardiaques, méfiez vous donc aussi de l’automne.