- Les chercheurs ont mis au point ce qu’ils nomment une “station météo” capable de prévenir l’arrivée d’une crise épileptique d’un à plusieurs jours à l’avance.
- Il existe un état dit pro-ictal, un niveau d’activité cérébrale modifiée associé à une augmentation du risque de crise.
- L’objectif des chercheurs est désormais de développer un dispositif léger, portatif et peu invasif.
L’épilepsie handicape environ 50 millions de personnes dans le monde et pas loin de 600 000 en France. Les crises restent quasiment toutes imprévisibles à ce jour mais des chercheurs suisses et américaines pourraient bien avoir trouvé le moyen d’anticiper leur survenue. Leur découverte, présentée le 17 décembre dans la revue The Lancet Neurology, pointe une modification de l’activité cérébrale comme signe prédictif de l’arrivée de ces crises.
Une “station météo”
Les chercheurs ont mis au point ce qu’ils nomment une “station météo” capable de prévenir l’arrivée d’une crise épileptique d’un à plusieurs jours à l’avance. Les chercheurs des universités de Berne et de Genève, en collaboration avec ceux de l’université de San Francisco et de Providence, ont mené une analyse rétrospective des données recueillies au cours d'un essai clinique de neuf ans chez des participants équipés d’un dispositif de neurostimulation implanté. Cet appareil est basé sur la neurostimulation, une approche thérapeutique réservée aux épilepsies sévères. Il utilise un certain type d’électroencéphalogramme (EEG), qui fonctionne grâce à une électrode intracérébrale implantée, permettant d’analyser l’activité du cerveau pendant les crises mais également entre les crises
En parallèle, les chercheurs ont développé un algorithme estimant si un épileptique court un risque de crise dans les heures ou les jours qui suivent. En observant les données recueillies pendant l’essai clinique, les chercheurs ont eu la confirmation que leur modèle mathématique est capable de prédire la survenue d’une crise. Il met la lumière sur un état dit pro-ictal, un niveau d’activité cérébrale modifiée associé à une augmentation du risque de crise qui s’apparente à l’image des perturbations météorologiques permettant de prédire l’arrivée des nuages, de la pluie ou des orages.
Un espoir thérapeutique
L’objectif des chercheurs est désormais de développer un dispositif léger, portatif et moins invasif que l’électrode intracérébrale implantée chez les patients participants à l’essai clinique. Un espoir pour tous les patients épileptiques dont environ un tiers sont atteints d’épilepsies dites pharmacorésistantes, c’est-à-dire qui résistent aux traitements. Pour eux, les crises sont fréquentes, irrégulières et sans aucun signe avant-coureur.