Peut-être a-t-on l’esprit ailleurs le jour de son anniversaire, ce qui explique quelques erreurs. Si en temps normal, ce n’est pas bien grave, cela peut le devenir pour un chirurgien. Une étude parue le 10 décembre 2020 dans le British Medical Journal fait état de risques beaucoup plus élevés de mourir dans les semaines qui suivent chez les personnes âgées qui se sont opérées par un chirurgien le jour de son anniversaire.
Un esprit un peu plus distrait
Pour quantifier cette aggravation du risque, les chercheurs de l’université de Californie à Los Angeles (Etats-Unis) ont analysé les données de près de 981 000 opérations chirurgicales entre 2011 et 2014. Ces interventions, dans 17 types chirurgicaux différents, concernaient des bénéficiaires de l'Assurance maladie, qui ont été opérés par environ 48 000 chirurgiens.
En regardant les résultats, les chercheurs ont constaté que dans les 30 jours suivant l'opération, le taux de mortalité était de 6,9 % chez les patients dont l'opération avait été effectuée à l'anniversaire de leur chirurgien et de 5,6 % chez les autres patients, soit une différence d'environ 23 %. Sur ces 981 000 opérations, 0,2% ont eu lieu pour l’anniversaire des chirurgiens, soit 1 962 d’entre elles.
Selon les chercheurs, cela s’expliquerait par le fait que les chirurgiens peuvent être plus distraits le jour de leur anniversaire que les autres jours, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour pouvoir le déterminer avec certitude.
Pas une raison suffisante pour décaler une intervention chirurgicale
“Notre étude a été la première à montrer le lien entre l'anniversaire d'un chirurgien et la mortalité des patients, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires avant de conclure que les anniversaires ont effectivement un effet significatif sur la performance des chirurgiens, indique Yusuke Tsugawa, professeur adjoint de médecine à l’école de médecine de l’université de Californie à Los Angeles. Toutefois, à ce stade, étant donné que les preuves sont encore limitées, je ne pense pas que les patients doivent éviter une intervention chirurgicale le jour de l'anniversaire du chirurgien.”
Si Yusuke Tsugawa émet des réserves sur ces conclusions, c’est notamment à cause des limites de l’étude. D’un côté, les chercheurs n’ont pas été en mesure d'identifier les mécanismes qui conduisent à un taux de mortalité plus élevé chez les patients qui subissent une intervention chirurgicale le jour de l'anniversaire de leur chirurgien. De fait, aucun lien de cause à effet ne peut être pleinement établi. De plus, l’étude s’est focalisée sur les patients âgés, ce qui en restreint sa portée. Pour Yusuke Tsugawa, il faudrait voir si des résultats similaires s’appliquent chez des patients jeunes ou des personnes qui ont subi une opération non urgente pour avoir une vision complète de la situation.