Femmes et hommes ne sont pas égaux face à la maladie, ni face à sa prise en charge. Des chercheurs canadiens en font le constat dans une étude parue dans Science Signaling. Dans leurs travaux, menés sur la maladie d'Alzheimer, ils ont analysé l’effet d’un traitement conçu pour bloquer un récepteur spécifique afin de réguler l’apprentissage et la mémoire. Les scientifiques constatent que ce médicament est inefficace chez les souris femelles alors qu’il fonctionne chez les mâles.
Des observations sur la souris, confirmées chez l’Homme
"Nous avons prouvé qu’au moins un traitement prometteur contre la maladie d’Alzheimer est efficace chez la souris mâle, mais pas chez la femelle", résume l’auteur principal de l’étude, Dr. Khaled Abdelrahman. Pour lui, cette découverte va avoir des conséquences importantes dans les recherches sur cette maladie. Dans la seconde partie de la recherche, les scientifiques ont étudié des tissus cérébraux de donneurs humains, décédés de la maladie d’Alzheimer.
Ils constatent que les différences d’efficacité des traitements selon le sexe existent aussi chez l’humain. "Nous devons faire attention lorsque nous mettons au point des études médicales, insiste le scientifique. De nombreux médicaments ont des effets différents, voire opposés, selon le sexe. Tous les traitements qui marchent chez l’homme, ne fonctionnent pas pour les femmes, et vice versa." Pour lui, les données médicales doivent désormais être analysées différemment, en prenant en compte ces différences.
Pourquoi la maladie d’Alzheimer frappe plus les femmes ?
Ce n’est pas la première fois qu’un chercheur appelle à réaliser des études différenciées selon le sexe pour la maladie d’Alzheimer. "Comme les femmes sont plus touchées par la maladie, il faut enquêter sur les différences spécifiques entre les hommes et les femmes" avait alerté la co-fondatrice de l’organisation internationale Women’s Brain Projet, Antonella Santuccione-Chadha, en juillet 2018. L’organisme a mené une méta-analyse des travaux réalisés sur la démence pour comprendre les raisons de l’incidence différente de la maladie selon le sexe. Cette recherche a permis de constater que l’âge est un facteur important : les femmes ont une meilleure longévité, or le risque de développer la pathologie augmente avec les années. La cause pourrait également être hormonale : la chute des hormones associée à la ménopause pourrait les fragiliser. Les œstrogènes ont un effet protecteur sur le cerveau, qui disparait lorsque leur taux diminue, passé ce stade de la vie, les femmes n'ont donc plus de protection contre la maladie. En France, elles représentent 60% des 900 000 cas d’Alzheimer.