L’envie de se suicider est regrettable, mais ces causes sont multifactorielles. Parmi elles, les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH) peuvent en être une des raisons, notamment chez les femmes. Des chercheurs de l’université de Toronto (Canada) indiquent que la prévalence des tentatives de suicide au cours de la vie était beaucoup plus élevée chez les femmes souffrant de TDAH (24 %) que chez les femmes qui n'en souffraient pas (3 %). Les résultats ont été publiés le 21 décembre 2020 dans la revue Archives of Suicide Research.
Un risque accru par les violences dans l’enfance
L'étude a été menée sur un échantillon national représentatif de 21 744 Canadiens, dont 529 ont déclaré avoir reçu un diagnostic de TDAH. Chez les adultes atteints de TDAH qui ont été exposés à la violence domestique chronique de leurs parents, il y a trois fois plus de chances de faire une tentative de suicide. Ce risque est plus intense que celui des personnes atteintes de TDAH qui n'ont pas connu cette adversité dans leur enfance. La violence domestique parentale était définie comme “chronique” si elle s’est produite plus de 10 fois avant que la personne n’ait atteint l’âge de 16 ans.
“La nature transversale de cette étude nous empêche de déterminer une éventuelle causalité ; la relation entre la violence domestique parentale chronique et les tentatives de suicide pourrait aller dans un sens ou dans l’autre, souligne Raphaël Nahar Rivière, résident en anesthésie à l'université de Toronto.
Les troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité sont plus fréquents chez les hommes que chez les femmes, mais peu de recherches ont été consacrées aux femmes atteintes de ce trouble. D’après les résultats de cette étude, les femmes atteintes de TDAH ont plus de deux fois plus de chances de faire une tentative de suicide que les hommes atteints de TDAH.
Des tentatives de suicide plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes
“Même en tenant compte des antécédents de maladie mentale, et des niveaux plus élevés de pauvreté et d'adversité précoce que connaissent souvent les adultes atteints de TDAH, ces personnes ont toujours 56 % de chances supplémentaires de faire une tentative de suicide que leurs autres sans TDAH”, indique Esme Fuller-Thomson, professeure à la faculté de travail social Factor-Inwentash de l'université de Toronto.
Les risques de se suicider sont donc plus présents chez les femmes et dans certaines situations qui amènent des personnes à basculer vers des pensées morbides. Selon Senyo Agbeyaka, le savoir permettra d’adapter les mesures pour éviter les tentatives de suicide. “Savoir que les femmes atteintes de TDAH qui ont connu des difficultés dans leur enfance et les adultes ayant des antécédents de dépendance à une substance et/ou de dépression sont particulièrement vulnérables aux tentatives de suicide aidera, espérons-le, les cliniciens à améliorer le ciblage et l'approche de cette population.”