La pollution tue, on ne le répètera jamais assez. Dans le deuxième pays le plus peuplé au monde, l’Inde, les effets de la pollution de l’air sont dévastateurs. Dans une étude menée par des chercheurs de l'Observatoire mondial de la pollution et de la santé du Boston College, du Conseil indien de la recherche médicale et de la Fondation indienne pour la santé publique, les chercheurs estiment que la pollution atmosphérique en Inde a causé 1,67 million de décès en 2019, soit le plus grand nombre de décès liés à la pollution dans un pays au monde. Les résultats ont été publiés le 21 décembre 2020 dans The Lancet Planetary Health.
Dépendance au bois et aux énergies fossiles
Selon les chercheurs, les 1,67 million de morts dus à la pollution de l’air en Inde représente 17,8% de tous les décès dans le pays en 2019. Pire, la pollution de l’air a engendré 36,8 milliards de dollars de pertes, soit 1,36% du PIB indien. Les décès liés pourraient, selon l’étude, “entraver l'aspiration de l'Inde à devenir une économie de 5 billions de dollars d'ici 2024. Une réduction réussie de la pollution de l'air en Inde entraînerait des avantages substantiels tant pour la santé de la population que pour l’économie.”
Le nombre de décès imputés à la pollution de l’air en Inde en une seule année est plus de dix fois supérieur à celui de la Covid-19. Les conséquences seront durables si aucun effort n’est fait pour préserver la santé de ce pays de 1,35 milliard d’habitants. “Cela a également un effet profond sur la prochaine génération d'Indiens, indique Philip Landrigan, professeur de biologie au Boston College et directeur de l'Observatoire mondial de la pollution et de la santé. Elle augmente les risques futurs de maladies cardiaques, de diabète et de maladies respiratoires pour les enfants d'aujourd'hui lorsqu'ils deviendront adultes. Il réduit le QI des enfants. Il sera très difficile pour l'Inde de progresser socialement ou économiquement si elle ne fait rien pour résoudre ce problème.”
Selon le rapport, la pollution de l’air est principalement intérieure et est causée par les cuisines mal ventilées et l’utilisation de bois et de charbon de bois pour cuire les aliments, même si son utilisation a diminué de 64,2 % depuis 1990. Bien entendu, la pollution ambiante n’est pas en reste, puisque dans le même temps, les particules fines ont augmenté de 115,3 % et la pollution par l'ozone a augmenté de 139,2 %. Ces augmentations du nombre de décès dus à la pollution de l'air ambiant reflètent l'augmentation des émissions des voitures, des camions et des bus, ainsi que l'utilisation généralisée du charbon pour produire de l'électricité en Inde. Les chercheurs estiment que les coûts liés à la pollution atmosphérique pour le système de santé indien s'élevaient à près de 12 milliards de dollars en 2019.
En analysant la qualité de l’air état par état, les chercheurs ont constaté de grandes disparités. Ainsi, en fonction des états, la variation de la pollution peut aller de un à trois. Les États du sud de l'Inde ont mis en place des politiques visant à réduire la pollution de l'air par rapport aux États du nord, où la pollution et ses conséquences ont eu des conséquences plus importantes en termes de mortalité et de coûts économiques.
De meilleurs outils pour réduire la pollution
“Il existe de nombreuses solutions et exemples de politiques de réduction de la pollution réussies qui peuvent être développées pour répondre aux besoins spécifiques du pays et de ses États, souligne Philip Landrigan. La Chine, un pays dont la population est de taille similaire et dont les objectifs économiques sont tout aussi ambitieux, a adopté des objectifs de lutte contre la pollution dans son dernier plan quinquennal et fait des progrès en matière de lutte contre la pollution.”
Son collègue Gautam Yadama, doyen de l'école de travail social du Boston College, va plus loin dans son analyse pour sauver un maximum de personnes en Inde de la pollution atmosphérique. “L'un de nos défis est de fournir aux pauvres un meilleur accès à des appareils et à des combustibles propres qui peuvent être utilisés de manière durable dans diverses conditions du monde réel. Plus ces appareils seront développés et testés en collaboration avec les communautés — en particulier les femmes, les utilisatrices finales des appareils — plus ils seront susceptibles d'être utilisés.” La meilleure solution pour sauver la population réside donc dans l’éducation.