ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Vague de froid: quels sont les risques et comment se protéger?

Conseils

Vague de froid: quels sont les risques et comment se protéger?

Par Raphaëlle de Tappie

Risque d'hypothermie, d'engelures, de gelures, de bronchospasme… le froid n'est pas sans danger. Pas de panique, il existe de nombreuses façons de s'en protéger.

Анатолий Тушенцов/iStock

Le mois de janvier arrive et avec lui une possible vague de grand froid, synonyme de risque augmenté de gelures, d’hypothermie ou encore d’infarctus. Pourquoi Docteur fait ici le point sur les dangers du froid et comment s’en prémunir.

1/ Du stress pour le corps humain

En réaction au froid, le cerveau sécrète des catécholamines, des neurotransmetteurs qui vont envoyer un signal aux vaisseaux sanguins, leur demandant de se contracter. C’est ce qu’on appelle la vasoconstriction. Cette dernière diminue le flux sanguin et entraine une diminution de la perte de chaleur au niveau de la peau. Les extrémités, pieds ou mains, sont particulièrement sensibles à ce phénomène.

2/ Un risque pour le cœur

Le diamètre des vaisseaux sanguins ayant rétréci, le cœur doit travailler deux fois plus pour amener le sang vers l’organisme. Ainsi, vous l’aurez sans doute remarqué, la fréquence cardiaque augmente quand il fait froid. De même pour la pression artérielle et la consommation d’oxygène. Le cœur fatigue donc plus vite et, ses artères étant rétrécies, le risque de déchirure de la paroi artérielle augmente. Or, un caillot qui se détache des artères coronaires peut entraîner un infarctus. Qui plus est, une poussée d’hypertension peut également provoquer un AVC ou une rupture d’anévrisme cérébral. Le risque est d’autant plus accru pour les fumeurs stressés. En effet, le tabac, comme le froid et le stress, augmente la vasoconstriction et avec elle le risque d’infarctus.

3/ Un risque d’hypothermie

L’hypothermie arrive le plus souvent quand l’organisme est exposé au froid pendant trop longtemps. Le corps augmente alors sa production de chaleur, par l’intermédiaire de frissons et apporte du sang aux organes les plus importants en priorité. Si la température de votre corps chute en-dessous de 35 degrés, vous êtes en hypothermie. Entre 32 et 35 degrés, on parle d’hypothermie modérée, entre 28 et 32 d’hypothermie grave et en-dessous de 28 d’hypothermie majeure. Auquel cas, les fonctions vitales et surtout le système cardiovasculaire, sont en danger. Une personne en situation d’hypothermie majeure ne sera plus traversée de frisson. Elle respirera au ralenti, sera froide et aura le regard vide. Elle pourra alors perdre conscience ou faire un arrêt respiratoire ou cardiaque entraînant la mort. Si vous êtes un jour confrontée à ce cas, enlevez-lui ses vêtements mouillés s’ils le sont, réchauffez-la à l’aide d’une couverture de survie isothermique si vous pouvez en trouver une, placez-la dans un lieu chaud et, dans les cas les plus graves, appelez les secours (le 12 ou le 115) pour une prise en charge avec réanimation. Le réchauffement doit être progressif pour éviter les complications graves en cas de variation trop brutale de la température.

4/ Le bronchospasme

Exposées au froid et à l’air sec, les bronches se contractent, pouvant entraîner un bronchospasme qui, lui, peut déclencher une crise d’asthme chez les personnes prédisposées. Vous l’aurez donc compris, le froid n’est pas l’ami des asthmatiques. Si vous êtes asthmatique et commencez à souffrir du froid, couvrez-vous le nez et la bouche avec une écharpe pour réchauffer l’air inhalé. Si des radiateurs électriques sont installés chez vous, placez un bol d’eau en-dessous pour humidifier l’air, souvent très sec avec ce genre de chauffage.

5/ Des virus

Chacun le sait, l’hiver est propice aux maladies en tout genre. Rhume, grippe, gastro… et maintenant la Covid-19. Et pour cause : le froid favorise la circulation des virus, surtout respiratoires. Car l’air froid et sec assèche et a ainsi tendance à abîmer la muqueuse du nez, première barrière de défense contre les infections respiratoires. Qui plus est, en hiver nous restons davantage calfeutrés dans des espaces clos et nous aérons moins, facilitant ainsi la transmission des virus. C’est pourquoi, les autorités sanitaires ne le répéteront jamais assez, il est indispensable de respecter les gestes barrières en cette période. Pensez à tousser et éternuer dans votre coude, portez un masque autant que possible, lavez-vous fréquemment les mains et restez à distance des autres.

6/ Des engelures ou des gelures  

Mieux vaut une engelure qu’une gelure. La première concerne surtout les mains et les pieds : les extrémités deviennent rouges, gonflés et douloureuse mais la lésion n’est pas grave. La seconde, en revanche, est une lésion profonde pouvant entraîner l’amputation. "Cela se traduit par une contraction des vaisseaux sanguins, les tissus ne sont alors plus oxygénés, l'eau dans les cellules gèle, et elles meurent. Cela concerne bien sûr les mains, les pieds mais aussi le nez , les oreilles, voire les joues (…) Le problème est que le plus souvent on ne s'en rend pas compte immédiatement. Cela fait comme une anesthésie et la douleur apparait d'ailleurs quand on se réchauffe. La protection de ces extrémités est le seul moyen de lutte", explique le Dr Jean-Paul Richalet, spécialiste de l'adaptation aux environnements extrêmes, au Figaro. "Pour les gelures cela peut se traduire d'abord par des rougeurs, puis des ampoules, les doigts deviennent blancs, se nécrosent ...", poursuit-il. Pour éviter les drames, équipez-vous correctement. Les gants de soie ou de cuir protègent bien les mains. Si ces dernières commencent à être gercées, appliquez une épaisse couche de crème dessus avant de vous coucher avant de porter des gants en coton toute la nuit. Au niveau des pieds, deux paires de chaussettes valent mieux qu’une, sous réserve que ces dernières ne soient pas trop serrées afin que le sang puisse bien circuler.

7/ Des risques d’intoxication au monoxyde de carbone

Tous les ans, une centaine de personnes meurent après avoir inhalé du monoxyde de carbone (CO) et près de 3000 sont intoxiquées, selon les chiffres de Santé publique France. Et la plupart de ces drames ont lieu en hiver, ce gaz toxique étant émis quand un appareil de chauffage est défectueux. Ainsi, pensez-bien à entretenir et vérifiez annuellement ces derniers ainsi que votre chaudière et  conduits de cheminée. Assurez-vous également que les ventilations ne sont pas obstruées et installez un détecteur de CO dans votre logement. Si vous pensez avoir été intoxiqué au CO (maux de tête, fatigue, nausées, vomissements, étourdissements), aérez largement la pièce, quittez l’endroit et appelez les secours ou les urgences (le 15 ou le 12).

Quelques conseils pour lutter contre le froid

Pour lutter contre le froid, il est recommandé de bien se nourrir et de s’hydrater suffisamment. Pour reprendre des forces, privilégiez les aliments à index glycémique bas qui libèrent régulièrement du glucose dans l’organisme tels que les pâtes, le pain complet, les fruits, les légumes et les légumineuses. Les soupes, sources de vitamines, de minéraux et de chaleur, sont également les bienvenues. Buvez beaucoup d’eau et hydratez votre corps en vous lavant par exemple avec un gel surgras sans savon pour préserver le film hydrolipidique de la peau. Evitez les bains trop chauds, qui dessèchent, et pensez bien au lait hydratant en insistant sur les coudes et les genoux. N’oubliez pas non plus de prendre soin de vos lèvres. Outre les baumes, exfoliez-les une fois par semaine avec un gommage ou en passant une brosse à dents souples pour enlever les peaux mortes. Une épaisse couche de pommade cicatrisante avant le coucher aide à réparer les gerçures. Concernant vos cheveux, ne sortez pas sans les avoir bien séchés et nourrissez les pointes avec des huiles végétales, comme le jojoba, riche en lipides.

Pour rester bien hydraté, n’abusez pas de l’alcool. Qui plus est, si les boissons alcoolisées donnent une impression de chaleur, la vérité est tout autre. En effet, l’alcool dilate les vaisseaux sanguins. Au lieu d’augmenter, la température du corps diminue ainsi d’un demi-degré pour 50 grammes d’alcool consommés. Pour finir, pensez à vous habiller chaudement. Plusieurs couches de vêtements permettent de protéger son corps. La première absorbera la transpiration, évitant que l’humidité ne refroidisse la peau tandis que la seconde vous isolera du froid et du vent. Enfin, n’oubliez pas l’écharpe, le bonnet et les moufles (peu pratiques, mais plus efficaces que les gants), car près de 30% de la chaleur corporelle est évacuée par le crâne et la bouche.