Toute vérité est-elle bonne à entendre ? À en croire cette nouvelle étude menée par des chercheurs américains de l’université de Chicago, les réussites ne doivent pas être cachées. Pourtant, selon les scientifiques, 82% de la population est coupable d’avoir déjà menti sur ses succès. Une dissimulation qui est néfaste pour les relations sociales, induisant un sentiment paternaliste qui déséquilibre la relation et casse la confiance. Les chercheurs ont publié les résultats de leur étude le 4 décembre dans le Journal of Personality and Social Psychology.
Moins d’intimité
Les chercheurs ont testé les réactions face à la dissimulation de la réussite. Ils ont fait remplir un questionnaire à une personne dans lequel elle a écrit un succès récent. Une deuxième personne a reçu cette information avec un message selon lequel la première personne ne souhaite pas partager cette information. Cette deuxième personne a ensuite répondu à une série de questions à propos de ses émotions et impressions. Dans une autre expérience, les chercheurs ont mesuré cette dissimulation d’information au travail où un participant a tantôt partagé tantôt caché ses succès. Enfin, dans une troisième expérience, les chercheurs ont mesuré les réactions des participants qui ont reçu un message Facebook divulguant ou dissimulant l’accomplissement d’un ami.
Dans toutes les situations, les personnes qui se sont vues cacher les réussites de leur proche se sont senties insultées. Elles ont également fait part d’un sentiment d’éloignement envers cette personne et se sont dites moins heureuses de leur réussite. Leur confiance a également significativement diminué après avoir appris que leur proche a caché des informations. Les chercheurs ajoutent que ça n’est pas la première fois qu’une étude scientifique pointe les effets néfastes de la dissimulation d’information, entraînant chez l’autre l’impression que cette information est plus négative qu’elle ne l’est vraiment. Il a aussi été montré que cela crée de l’anxiété et diminue l’intimité entre des individus.
Un coût relationnel important
Les chercheurs estiment que la naissance de ces sentiments face à la dissimulation d’une réussite est la conséquence d’un mécanisme psychologique de “paternalisme”. Les chercheurs définissent le paternalisme comme “des intentions d’aider la cible basée sur une supposition sur son intérêt”. Cacher une réussite serait provoqué par l’envie de ne pas blesser l’autre, une intention fondée uniquement sur de la supposition, qui briserait la relation de confiance entre deux personnes qui se base notamment sur le partage mutuel d’informations. Cette “norme de divulgation mutuelle” se renforce à mesure de l’intimité de la relation. Plus on cache un succès à une personne qui nous est proche plus la réaction de trahison chez l’autre sera importante. “Cacher ses succès a des coûts relationnels, comportementaux et émotionnels” conclut l’étude.