Après la pose d’un ou plusieurs stents, que se passe t-il si les patients interrompent ou arrêtent leur traitement anticoagulant ? C’est la question que se sont posée les auteurs d’un grand registre dont les résultats viennent d’être présentés au congrès de la Société européenne de cardiologie qui se tient jusqu’au 4 septembre à Amsterdam. Chez les personnes porteuses d’un stent, la prise d’un traitement antiplaquettaire au long cours permet de prévenir la formation dangereuse d’un caillot sanguin, pouvant être responsable de la survenue d’une crise cardiaque ou d’un AVC.
Plus de 5000 patients « stentés » ont donc été suivis dans cinq pays jusqu’à deux ans après l’implantation, afin d’évaluer l’impact d’un arrêt du traitement anticoagulant. Cette étude observationnelle menée simultanément aux Etats Unis et en Europe révèle que les conséquences médicales d’un arrêt ou d’une interruption de traitement dépendent de la raison qui a motivé à cet arrêt. « Notre étude a analysé la différence entre une interruption volontaire du traitement par le médecin, une interruption momentanée à cause d’une chirurgie dentaire par exemple, et un arrêt décidé par le patient lui-même » précise le Pr Gabriel Steg, cardiologue à l’hôpital Bichat et co-auteur de ce registre. Premier constat de ce registre, le taux d’interruption du traitement est assez important, puisqu’environ 40% des patients cessent de prendre leur traitement anticoagulant sur décision et programmation de leur médecin, sans que pour autant cela engendre de complications majeures. D’autre part, 10,5% des patients ont interrompu temporairement (moins de 14 jours) leur traitement à cause d’une intervention dentaire par exemple. Là aussi, ce type d’interruption courte n’est pas délétère. En revanche, ce qui inquiète le plus les auteurs de cette étude, ce sont les 14,4% de patients qui ont stoppé leur prise d’anticoagulant de leur propre chef. UN risque particulièrement grand dans la semaine qui suit l'arrêt.
Ecoutez le Pr Gabriel Steg, cardiologue à l'hôpital Bichat : « Ce qui est catastrophique c’est l’arrêt prématuré par le patient. Dans la semaine qui suit cet arrêt, le risque de thrombose de stent est multiplié par 7.»
Ces médecins attirent donc l’attention des patients sous traitement anticoagulant. Lorsque qu’ils décident seuls de stopper leur médication, notamment en raison d’effets indésirables tels que les saignements, cette attitude augmente le risque de complications cardiovasculaires de 50%. Ces spécialistes rappellent que l’arrêt du traitement antiplaquettaire n’a pas les mêmes conséquences chez les patients qui viennent récemment d’avoir un infarctus et une pose de stent, par rapport à ceux qui ont subi ces événements il y a plus d’un an. « Probablement qu’arrêter ces médicaments anticoagulant un an après s’être fait poser un stent ne doit pas faire courir de risque particulier » ajoute le Pr Steg.