- Encore aujourd'hui difficile à prévenir, le syndrome de stress post-traumatique affecterait le volume de plusieurs régions du cerveau.
- Cette nouvelle étude montre qu'il est possible de détecter ces biomarqueurs après une lésion cérébrale traumatique grâce à un scanner cérébral.
Touchant environ un Français sur dix, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) désigne un ensemble de réactions survenant chez des personnes ayant vécu un événement traumatisant. Les victimes d’attentats, de torture, de viol, d’accident grave, d’agression et les anciens combattants sont ainsi particulièrement touchés par cet état, qui englobe des symptômes divers. La plupart des personnes ayant développé un SSPT souffrent de troubles du sommeil (insomnies, cauchemars), de dépression, développent des addictions, un sentiment d’irritabilité, une peur intense, de la colère, qui peut parfois conduire à des accès de violence.
Bien qu’aujourd’hui mieux compris et pris en charge, le syndrome de stress post-traumatique reste un trouble psychiatrique complexe qu’il est parfois difficile de prévenir ou détecter. Une nouvelle étude publiée dans la revue Biological Psychiatry : Cognitive Neuroscience and Neuroimaging pourrait toutefois aider les médecins à mieux prédire le développement d’un SSPT. Selon ses auteurs, l’utilisation de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) permettrait de découvrir des biomarqueurs cérébraux potentiels du SSPT chez les personnes souffrant de lésions cérébrales traumatiques.
Un volume plus faible de certaines régions du cerveau
Pour étudier le lien entre syndrome de stress post-traumatique et lésions cérébrales traumatiques, les chercheurs ont utilisé les données de TRACK-TBI, une vaste étude longitudinale sur les patients qui se présentent aux urgences avec des lésions cérébrales traumatiques suffisamment graves pour justifier un CT-scan (tomodensitométrie).
"Les études par IRM menées dans les deux semaines suivant la blessure ont été utilisées pour mesurer les volumes des structures clés du cerveau que l'on pensait être impliquées dans le SSPT, explique le docteur Murray Stein, de l'université de Californie à San Diego (États-Unis). Nous avons découvert que le volume de plusieurs de ces structures était prédictif du SSPT trois mois après la blessure."
Au total, plus de 400 patients atteints de lésions cérébrales traumatiques ont été suivis et ont passé un CT-Scan après leur blessure, puis dans les 3 et 6 mois pour évaluer le risque de SSPT. Après 3 mois, 77 participants (18 %) souffraient probablement de SSPT. Après 6 mois, 70 participants (16 %) en souffraient.
Les chercheurs ont constaté un volume plus faible dans les régions du cerveau appelées le cortex cingulaire, le cortex frontal supérieur et l'insula, qui permettait de prédire le SSPT à 3 mois. Ces régions sont associées à l'éveil, à l'attention et à la régulation émotionnelle. L'imagerie n'a en revanche pas permis de prédire le SSPT à 6 mois.
Une réserve cérébrale contre le SSPT
De précédents travaux avaient déjà montré volume plus faible dans plusieurs de ces régions du cerveau chez les personnes souffrant de SSPT. Pour les auteurs de l’étude, ces nouveaux résultats suggèrent qu'une "réserve cérébrale", ou des volumes corticaux plus élevés, peuvent fournir une certaine résistance contre le SSPT.
Bien que le biomarqueur des différences de volume cérébral ne soit pas encore suffisamment étayé pour fournir des indications cliniques, le Dr Stein estime que "cela ouvre la voie à de futures études visant à examiner de plus près la manière dont ces régions du cerveau peuvent contribuer à des problèmes de santé mentale tels que le SSPT, ou les protéger".