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Dépression anté ou post-partum

Le suicide, deuxième cause de mortalité maternelle en France

Par Mathilde Debry

Les suicides et les maladies cardiovasculaires constituent les premières causes de décès maternels en France.

Prostock-Studio / istock.
Les maladies cardiovasculaires ont été responsables de 36 décès entre 2013 et 2015, soit de 13,7% des morts maternelles.
Le suicide est devenu la deuxième cause de mortalité maternelle sur la même période, avec 35 suicides (environ 1 par mois), soit 13,4% des morts maternelles.

La grossesse et l’arrivée d’un enfant sont associés aux périodes heureuses de la vie. Et pourtant, le suicide est la deuxième cause mortalité maternelle, juste derrière les maladies cardiovasculaires, selon une nouvelle enquête de Santé publique France et de l’Inserm.

87 femmes décédées par an d’une cause liée à la grossesse

Une mort maternelle correspond au décès d’une femme survenu au cours de la grossesse et jusqu’à 1 an après l’accouchement. 262 décès maternels ont été identifiés entre 2013 et 2015 en France (1 tous les 4 jours en moyenne), ce qui représente 87 femmes décédées par an d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à leurs suites. Le ratio de mortalité maternelle (RMM), qui est de 10,8 décès pour 100 000 naissances vivantes, est stable par rapport aux deux périodes de surveillance précédente (2010-2012 et 2007-2009), et se situe dans la moyenne Européenne.

Les maladies cardiovasculaires ont été responsables de 36 décès entre 2013 et 2015, soit de 13,7% des morts maternelles. Le suicide est devenu la deuxième cause de mortalité maternelle sur la même période, avec 35 suicides (environ 1 par mois), soit 13,4% des morts maternelles. Les principaux facteurs de risque de mort maternelle sont l’âge avancé de la mère, son surpoids, une situation sociale difficile et son parcours migratoire. Concernant plus particulièrement le suicide, les femmes sont psychologiquement plus fragiles pendant leur grossesse et après l'accouchement, avec un haut risque de dépression anté-partum et post-partum (beaucoup plus grave que le fameux "baby blues"). 

58% des décès sont considérés comme "évitables"

Deux zones se distinguent par un niveau de mortalité maternelle (RMM) plus élevé, disparité déjà présente lors du précédent rapport : les DOM et l’Île-de-France. Les femmes résidant dans les DOM présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par 4 par rapport à celles de métropole. Plus étonnant : en France métropolitaine, l’Île-de-France se distingue avec un RMM supérieur de 55% à celui de l’ensemble des autres régions.

Selon l’enquête, dans 66% des cas, les soins dispensés n’ont pas été optimaux et 58% des décès sont considérés comme "évitables" ou "peut-être évitables" en améliorant la prévention, l’organisation des soins et les soins eux-mêmes. Un comité d’experts a donc formulé 30 messages-clés à destination des professionnels de santé, des femmes, de leur famille et des décideurs en ciblant des éléments à améliorer, dont on peut citer les plus généraux :
 • l’importance de l’examen médical non strictement obstétrical de la femme enceinte et la recherche d’antécédents psychiatriques et addictologiques, ainsi que leur potentielle vulnérabilité sociale.
 • L’évaluation des risques de complications avant la conception et en début de grossesse qui doit permettre une planification de la prise en charge de la grossesse individualisée.