Dans son livre "La Famillia grande", Camille Kouchner dénonce l’inceste qu'aurait commis son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, sur son frère jumeau dans les années 1990. Sujet tabou encore insuffisamment dénoncé, l'inceste concerne en moyenne 2 à 3 enfants par classe, et jusqu'à 10 % de la population française.
Des révélations trop souvent tardives
Dénoncer un inceste, que l'on soit victime ou proche d'une victime, ce n'est pas seulement briser le silence, mais aussi bouleverser pour toujours une famille. Entre sentiment de trahison et de culpabilité, beaucoup d'enfants et d'adultes choisissent une forme d'anesthésie qui leur permet de survivre, parfois au contact quotidien de leur agresseur.
Ce n’est que lorsque la victime se libère de l'emprise de son bourreau, parfois après 30 ou 40 ans, quand elle a enfin construit sa propre vie de famille, qu’elle révèle ce qu’elle a subi. Il n'est donc pas rare que le traumatisme ressurgisse au moment de la naissance d’un enfant ou d’un mariage, parfois sous forme de cauchemars ou de flashs.
Le rôle de l'entourage dans la dénonciation de l'inceste
Un enfant qui subit une agression sexuelle ou un viol de la part d'un membre de sa famille peut non seulement subir des pressions de la part de son agresseur, mais aussi un rejet ou une minimisation de ses révélations. Dans certains cas, les enfants manifestent ce qu'il s'est passé par des changements de comportements qui peuvent aller de la régression à la violence, en passant par la dépression, sans pouvoir mettre des mots sur ce qu’ils ont vécu.
Si certains membres de la famille préféreront le déni pour préserver l'image ou le couple par exemple, le rôle de l'entourage est pourtant crucial dans la dénonciation et les démarches judiciaires qui s'en suivent. Il n'est donc pas rare que l'enfant ou l'adulte se confie à un proche, tout comme le frère de Camille Kouchner semble-t-il, pour trouver du soutien et un allié.
La dénonciation médiatique joue un rôle dans la reconnaissance et la reconstruction de la victime
Si de nombreux livres ont été écrits ces dernières années pour dénoncer l'inceste, parfois au sein de familles célèbres, c'est que cette étape de dénonciation publique fait aussi partie de la reconnaissance du statut de victime. Être cru et reconnu par les autres dans sa souffrance permet non seulement d'acquérir une position sociale, mais aussi de partager son histoire avec d'autres victimes et éventuellement pousser l'agresseur à reconnaître les faits.
Dans le cas de Camille Kouchner, dénoncer une personne célèbre comporte non seulement des conséquences sur le plan familial, mais aussi sociétal en remettant en cause sa crédibilité publique et son image. Il s'agit de confronter celui qu'elle dénonce comme l'agresseur pour renforcer la honte et le rejet afin de permettre à son frère d'entamer éventuellement un processus de réparation et de reconnaissance.
Source : Association Face à l'inceste : https://facealinceste.fr