À mesure que le temps passe, les résultats sur la durée de l’immunité après la Covid-19 tombent. Le 2 novembre dernier, une étude parue dans le British Medical Journal a révélé que notre organisme produit des anticorps qui nous protègent au moins six mois face à une possible réinfection. Deux mois plus tard, les données récoltées font état d’une immunité persistante 8 mois après l’infection. Ces résultats ont été présentés le 6 janvier dans la revue Science.
Une présence de plusieurs anticorps 8 mois après l’infection
Les chercheurs notent que la durée de l’immunité pourrait dépasser les 8 mois qui sont le temps de l’étude. Ils ont recruté 188 personnes âgés de 19 à 81 ans qui ont tous contracté la Covid-19. Parmi eux, 90% ont eu de faibles symptômes tandis que 7% ont dû être hospitalisés et 2% n’ont pas eu de symptôme. Les chercheurs ont cherché le niveau d’anticorps, de lymphocytes B, de lymphocytes T CD8 et de lymphocyte T CD4 chez chacun des participants lors des mois suivant l’infection.
Ces différents lymphocytes constituent la réponse immunitaire adaptive qui intervient dans un second temps pour se débarrasser du virus. Les données collectées montrent que “système immunitaire du corps se souvient du nouveau coronavirus pendant au moins 8 mois après l'infection, et c'est également le cas de multiples branches du système immunitaire (lymphocytes B, lymphocytes T CD8, de lymphocyte T CD4 notamment)”, a annoncé le professeur Shane Crotty, l'un des auteurs de l'étude.
Une protection possible des années après
Ces résultats corroborent ceux de deux études récemment publiées qui elles aussi indiquent que la réponse immunitaire se poursuit 8 mois au moins après la première infection. La première, publiée le 22 décembre dans la revue Science Immunology, a suivi une petite cohorte d'Australiens pendant 242 jours après l'infection. Tous les patients ont démontré la présence de cellules B mémoire, des cellules immunitaires qui se souviennent des protéines virales et peuvent déclencher une production rapide d'anticorps lorsqu'ils sont réexposés au virus, jusqu'à 8 mois après l'infection initiale. La deuxième, prépubliée par les autorités de santé américaines le 22 décembre dernier, a examiné les réponses d'anticorps chez 58 patients COVID-19 confirmés en Corée du Sud 8 mois après une infection asymptomatique ou légère.
La nouvelle étude va plus loin et suggère que le système immunitaire peut se rappeler du Covid-19 pendant des années permettant ainsi aux individus d'être protégé d'une infection sévère. Si la quantité d’anticorps spécifiques au coronavirus baisse légèrement après huit mois, les lymphocytes B en charge de la fabrication des anticorps et les lymphocytes T tueurs de cellules infectées persistent dans l'organisme, invitant à pensant que la protection puisse durer des années. “L'immunité varie d'une personne à l'autre, et les individus peu communs dont la mémoire immunitaire est faible peuvent encore être susceptibles d'être réinfectés”, précise Shane Crotty.
En août dernier, une étude publiée dans la revue Nature par des chercheurs singapouriens a révélé que les patients remis du SARS, un coronavirus cousin du Covid-19, possédent des lymphocytes T “mémoires” 17 ans après l'épidémie. Ces résultats, s’ils viennent à se confirmer, sont une excellente nouvelle au moment où les vaccins sont injectés à travers le monde et font envisager qu’il pourrait ne pas être nécessaire d’avoir à vacciner tous les ans afin de garder la pandémie sous contrôle.