Le gouvernement prévoit de procéder à la vaccination des personnes âgées de plus de 75 ans d’ici la fin du mois de janvier 2021. Unicancer rappelle que parmi elles, les patients atteints de cancer sont à haut risque de complication de Covid-19, et doivent donc être prioritaires, "même s’il faut tenir compte de certaines spécificités liées au traitement du cancer".
Trois catégories de patients atteints de cancer à distinguer
Le Professeur Blay, Président d’Unicancer, souligne en effet que les études cliniques préalables au lancement des vaccins mRNA n’ont pas inclus de patients immunodéprimés ou en traitement actif. Selon lui, "les patients atteints de cancer sont par définition une population fragile, pour laquelle la stratégie vaccinale doit être particulièrement précise, coordonnée et adaptée aux différentes situations".
Il propose de distinguer trois catégories de patients :
· les patients atteints de cancer qui ont terminé leur traitement, pour lesquels la vaccination est recommandée ;
· les patients traités "au long cours" hormonal ou thérapeutique ciblée qui peuvent également se faire vacciner ;
· les patients en phase active de leur traitement, traités par chimiothérapie ou immunothérapie, par voie systémique, pour lesquels un suivi spécifique et coordonné est nécessaire. Ces patients pourront être suivis au sein de programmes et de registres dédiés, ou se voir proposer une étude clinique spécifique.
Des avis partagés pour les femmes enceintes
Concernant les femmes enceintes, le CNGOF milite pour leur vaccination. "Il est maintenant admis que l’infection à SARS-CoV-2 pendant la grossesse est une source de morbidité non négligeable et que la grossesse est un facteur de risque de gravité, avec plus de risque de détresse respiratoire, d’hospitalisation en soins intensifs, d’intubation, et un risque de prématurité induite", explique les gynécologues. Les femmes enceintes sont reconnues comme appartenant aux groupes à risque de formes graves par le HCSP et l’HAS.
Dans ce contexte, bien qu’aucune étude sur l’efficacité et la tolérance de la vaccination n’ait eu lieu pendant la grossesse, "il n’existe pas de raison a priori de penser que les femmes enceintes doivent être exclues des campagnes de vaccination", estime le syndicat. "Les vaccins proposés ne sont pas des vaccins vivants atténués et n’ont pas de raison d’être contre-indiqués", poursuit-il.
Par ailleurs, des études chez l’animal n’ont pas montré d’effet tératogène, ni aucun effet sur la reproduction. "La vaccination contre la grippe pendant la grossesse est largement répandue et les femmes enceintes sont inclues dans les campagnes nationales de vaccination antigrippales à leur plus grand profit. De même la vaccination anti-coqueluche pendant la grossesse est largement recommandée dans le monde", argumentent les gynécologues.
Deux éditoriaux récents publiés par des sociétés savantes américaines militent aussi pour la vaccination des femmes enceintes contre le SARS-CoV-2. La US Federal Drug and Food Administration a autorisé la vaccination des femmes enceintes. L’ACOG et la SMFM ont également statué en ce sens. "Ainsi, comme toute population à risque, les femmes enceintes et celles désirant concevoir, en particulier par aide médicale à la procréation, devraient se voir offrir la vaccination SARS-CoV-2 de manière prioritaire", concluent les professionnels de santé.
Certains médecins ont cependant des avis plus mesurés, comme le Professeur Alain Didier. "Pour l’instant, la vaccination reste déconseillée pour les femmes enceintes et allaitantes. Comme tout nouveau médicament, mieux vaut être extrêmement prudent avant de l’administrer pendant une grossesse. Sachant que l’on manque de recul sur la gravité de l’infection à SARS CoV2 chez les femmes enceintes et que la vaccination est pour l’instant déconseillée, il faut insister sur le respect strict des mesures barrières pendant la grossesse", estime le spécialiste.