Le vaccin Moderna, qui est arrivé en France ce lundi, est le deuxième à être disponible après celui développé par Pfizer-BioNTech. D’autres, dont celui développé par AstraZeneca et Oxford, vont suivre dans les prochaines semaines. En parallèle de cette course au vaccin, la sortie de crise sanitaire est également à chercher du côté des traitements. Une fois le médicament capable de soigner la Covid-19 découvert, cela permettra de désengorger les hôpitaux et de réduire les décès. Si aucun n’a pour l’instant montrer une efficacité totale, de véritables espoirs existent.
Les cellules souches du cordon ombilical, 91% de réussite
L’un des derniers traitements à présenter des effets positifs contre le virus est l’utilisation de cellules souches mésenchymateuses qui offrirait 91% de guérison pour les formes les plus sévères. Ces résultats, présentés dans la revue Stem Cells le 5 janvier dernier, ont montré que des perfusions de cellules souches dérivées du cordon ombilical réduisent drastiquement le nombre de décès ainsi que le temps de récupération des patients atteints des formes graves, n’excédant jamais deux semaines. Ces cellules souches sont connues pour leurs propriétés immunologiques et anti-inflammatoires. De plus, leur administration lors des essais cliniques n’a entraîné aucun effet indésirable important. “Cela ne nécessite qu'une perfusion intraveineuse, comme une transfusion sanguine. C'est comme une technologie de missile ciblé au niveau des poumons capable de restaurer une réponse immunitaire normale et de stopper les complications potentiellement mortelles”, précise le Dr Ricordi, co-auteur de l’étude, et chercheur à l’université de Miami.
Menée sur seulement 24 patients, cette piste thérapeutique est prometteuse. “Le cordon ombilical contient des cellules souches mésenchymateuses, qui peuvent être cultivées et fournir des doses thérapeutiques à plus de 10 000 patients à partir d'un seul cordon ombilical”, s’est félicité le Dr Ricordi. Les chercheurs ont annoncé vouloir tester cette piste de traitement sur des patients moins sévèrement atteints afin de voir si elle peut empêcher la maladie de progresser. “Ces résultats sont d'une importance cruciale non seulement pour le COVID-19 mais aussi pour d'autres maladies caractérisées par des réponses immunitaires aberrantes et hyperinflammatoires, telles que le diabète de type 1”, a conclu le chercheur.
Le repositionnement des médicaments, de nombreuses pistes à l’étude
Les autres pistes de traitement concernent des repositionnements de médicaments. Parmi eux, deux médicaments contre l’arthiritre, la tocilizumab et le sarilumab, pourraient faire baisser le risque de décès des patients en soins intensifs de 24 % et réduire la durée d’hospitalisation pour les patients atteints de formes sévères du covid-19 de 10 à 7 jours. Ces résultats, présentés le 7 janvier dernier par le National Health Service (NHS), l’autorité de santé britannique, n’ont pas encore fait l’objet de parution scientifique. Les tests menés sur 792 patients dans six pays ont suffit de convaincre le NHS pour autoriser la tocilizumab pour traiter les formes graves de la Covid-19.
Début décembre, c’est le molnupiravir, un antiviral initialement destiné à soigner la grippe, qui a présenté une triple efficacité : il réduit le risque de développer une forme grave, empêche la transmission du virus et diminue la durée de la phase infectieuse. En 24 heures seulement, il permettrait de stopper complètement la transmission du virus, selon les résultats obtenus après des tests menés sur des furets et publiés le 3 décembre dans la revue Nature Microbiology. Des essais cliniques ont été lancés sur des humains et les résultats devraient intervenir en mai prochain, selon les auteurs de l’étude.
Le bamlanivimab, un traitement à base d’anticorps, est lui aussi porteur d’espoir et a d’ores-et-déjà été approuvé par les autorités de santé américaines. Ce médicament permettrait à des patients non hospitalisés mais susceptibles de développés une forme grave de la maladie d’éviter de la contracter. Une simple injection de cet anticorps suffirait. Il n’est pas conseillé aux personnes déjà hospitalisés et visent principalement les personnes de plus de 65 ans ou ceux qui sont à risque de développer une forme grave comme les personnes diabétiques ou en surpoids.
D’autres médicaments ont présenté une efficacité sur la réduction de la durée d’hospitalisation et du nombre de décès. C’est le cas notamment du stéroïde Dexaméthasone, de l’anti-parasitaire Ivermectine, de l’anakrina habituellement utilisé contre les maladies rhumatismales ou encore de l’antiviral Remdesivir. L’hydroxychloroquine peut également être cité, bien que plusieurs études aient contredit son efficacité mais plusieurs personnes se targuent d’avoir été soignées par le médicament.
Le clofoctol, l’espoir français
Enfin, il existe également l’espoir du clofoctol développé par l’Institut Pasteur de Lille. Depuis mars dernier, les chercheurs lillois ont étudié plus de 2 000 molécules afin de trouver celle qui présente la plus grande efficacité contre le virus. Longtemps mystérieux sur l’identité de cette molécule miracle, les chercheurs ont fini par dévoiler qu’il s’agit du clofoctol, prescrit pour traiter les infections respiratoires bénignes. “Cette molécule a une action sur les deux portes d’entrée du virus dans les cellules humaines, contrairement à l’hydroxychloroquine. De plus, il n’est pas nécessaire d’augmenter sa concentration pour qu’elle soit efficace, contrairement au Remdesivir, a précisé Benoît Déprez directeur scientifique de l'Institut Pasteur de Lille, dans une interview postée sur la chaîne YouTube de l’Institut le 17 septembre dernier. Nous avons prouvé que son principe actif peut tuer le virus à une concentration trente fois inférieure à celle qui est basiquement proposée.”
L’avantage de cette molécule est double : pris aux premiers symptômes de la maladie, ce médicament réduit la charge virale du porteur de la maladie, évite la contagion et pris plus tard, il contrecarre ses formes graves. Un essai clinique sur l’Homme est en cours et les résultats sont espérés pour la fin du printemps.