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Vaccin

Diarrhée : le virus responsable mieux identifié pour mieux s’en débarrasser

Par Jean-Guillaume Bayard

Le virus qui cause la diarrhée a pour la première fois été cartographié au niveau atomique, permettant d’envisager la création de nouveaux vaccins.

Karim Rafie/Umeå Universitet
Grâce à du matériel de pointe, les chercheurs ont réussi à prendre des images si détaillées d'un adénovirus entérique, qu’il leur a été possible de créer un puzzle en trois dimensions.
La coquille qui protège le génome du virus lorsqu'il se propage entre les humains se compose de deux mille molécules de protéines avec un total de six millions d'atomes.
Cette structure pourrait être utilisée pour administrer des vaccins autrement que par des seringues.

Pour la première fois, des chercheurs sont parvenus à cartographier au niveau atomique à quoi ressemble un virus qui cause la diarrhée. Les scientifiques de l'université d'Umeå en Suède qui ont fait cette découverte estiment que cela pourrait, à plus long terme, aboutir à la création de vaccins. Les résultats ont été publiés le 8 janvier dans la revue Science Advances.

Un puzzle en trois dimensions

Le virus que les chercheurs ont étudié est un adénovirus dit entérique. Les adénovirus entériques sont l'un des facteurs les plus importants de la diarrhée chez les nourrissons. La plupart des adénovirus sont respiratoires, c'est-à-dire qu'ils provoquent des maladies respiratoires, tandis que les variantes entériques moins connues de l'adénovirus provoquent plutôt des maladies gastro-intestinales. Pour se déplacer dans l’organisme et atteindre le milieu acide de l’estomac sans se décomposer pour pouvoir l’infecter, les adénovirus entériques doivent être protégés. “Les résultats permettent de mieux comprendre comment le virus pénètre dans l'estomac et le système intestinal, a décrit Lars-Anders Carlson, chercheur à l’université d’Umeå. La poursuite des recherches peut fournir des réponses pour savoir si cette propriété peut également être utilisée pour créer des vaccins qui se déplacent gratuitement et donc être administrés sous forme comestible au lieu de comme des seringues.”

Grâce à du matériel de pointe, un microscope cryoélectronique avancé, les chercheurs ont réussi à prendre des images si détaillées d'un adénovirus entérique, qu’il leur a été possible de créer un puzzle en trois dimensions qui montre à quoi ressemble le virus au niveau atomique. “Le virus est l'une des structures biologiques les plus complexes étudiés à ce niveau”, poursuivent les chercheurs. La coquille qui protège le génome du virus lorsqu'il se propage entre les humains se compose de deux mille molécules de protéines avec un total de six millions d'atomes.

Un nouveau mode d’administration des vaccins

Les chercheurs se sont rendus compte que l'adénovirus entérique parvient à garder sa structure pratiquement inchangée jusque dans l'estomac. Ils ont observé des différences avec les adénovirus respiratoires dans la façon dont une protéine particulière est modifiée dans la coquille du virus ainsi que de nouveaux indices sur la façon dont le virus emballe son génome à l'intérieur de la coquille. Dans l'ensemble, cela permet de mieux comprendre comment le virus parvient à évoluer pour infecter les cellules. “L’espoir est que vous pourrez transformer la capacité de ce virus désagréable à atteindre quelque chose qui peut à la place être utilisé comme un outil pour lutter contre la maladie, peut-être même la Covid-19. C'est un pas dans la bonne direction, mais c'est encore loin”, a conclu Lars-Anders Carlson.

Plusieurs des nouveaux vaccins testés contre la Covid-19 sont basés sur des adénovirus génétiquement modifiés. Aujourd'hui, ces vaccins à base d'adénovirus doivent être injectés pour agir dans l'organisme. Si un vaccin pouvait plutôt être basé sur un adénovirus entérique, le vaccin pourrait être administré sous forme comestible, ce qui faciliterait la vaccination à grande échelle.