- Des cas d'engelures ont été présentés comme un des symptômes de la Covid-19
- Elles seraient le signe d'une réaction immunitaire efficace
En avril 2020, le syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV) alertait sur un symptôme jusqu’alors peu connu de la Covid-19 : des lésions cutanées. Quelques cas avaient été aussi signalés en Italie. "Il s’agit d’acrosyndromes (aspect de pseudo-engelures des extrémités), apparition subite de rougeurs persistantes parfois douloureuses, et des lésions d’urticaire passagère", précisait un communiqué. Près d’un an plus tard, des chercheurs de l’Inserm ont trouvé une explication potentielle à leur apparition.
Des chercheurs se sont penchés sur les #engelures, ces lésions cutanées bénignes dont la fréquence a ↗️ durant l’épidémie de #Covid19. Leurs travaux suggèrent que ces atteintes peuvent découler d’1 immunité innée très (trop ?) efficace contre le #SARSCoV2. https://t.co/S2fKAJHELd pic.twitter.com/LmKzdMfocD
— Inserm (@Inserm) January 13, 2021
Des patients jeunes, et présentant peu de symptômes
Les engelures sont caractérisées par des doigts rouges, voire violacées, et par l'éventuelle formation de cloques. Ce sont des atteintes cutanées liées à des problèmes de microvascularisation de la peau. L’équipe de l’Inserm a étudié 40 personnes ayant présenté ce symptôme qui sont allées à la cellule Covid du CHU de Nice entre le 9 et le 17 avril 2020. Aucune d’entre elles n’a développé de formes graves de la Covid-19 et la plupart d’entre elles était jeune. "S’ils avaient tous été cas contacts ou suspectés d’être infectés par le SARS-CoV-2 dans les 3 semaines précédant la consultation, le résultat de la recherche du virus au niveau nasopharyngé (PCR) était négatif pour l’ensemble de ces patients, et une sérologie positive n’a été retrouvée que chez un tiers d’entre eux", indique le communiqué de l’Inserm. Ces différents facteurs (âge, négativité et rareté des symptômes) suggèrent aux chercheurs une hypothèse : "une immunité innée (la première ligne de défense de l’organisme face aux agents pathogènes) particulièrement efficace". Les engelures ont déjà été observées comme symptôme dans le cas de troubles immunitaires génétiques.
Une sur-production de cellules de l’immunité inée
Pour confirmer cette hypothèse, l’équipe de l’Inserm a mesuré la production d’IFNɑ, des protéines fabriquées par le système immunitaire, par les cellules de l’immunité innée dans des simulations in vitro. Trois groupes de patients ont été étudiés : ceux présentant des engelures, ceux ayant développé une forme non-grave de la Covid-19 et ceux qui ont été hospitalisés à cause de la maladie. "Les cellules des premiers présentent des taux d’expression de l’IFNɑ bien plus élevés que celles des deux autres groupes, explique Pr Thierry Passeron, directeur de l’étude. Les taux mesurés dans les cellules des patients hospitalisés, avec des formes sévères de Covid-19, sont même particulièrement bas." Dans le premier groupe de patients, les engelures seraient le signe d’une forte réactivité du système immunitaire. L’équipe de l’Inserm s’interroge désormais sur la contagiosité de ces patients, et sur la probabilité d'une deuxième contamination.
Un symptôme qui signe la fin de l’infection
"On voit le nombre de ces engelures augmenter à nouveau depuis quelques semaines, à l’image de ce que l’on a observé durant la première vague de l’épidémie", confie Thierry Passeron. Pour lui, ce symptôme ne doit pas inquiéter outre-mesure : "ces atteintes ne sont pas graves et régressent sans séquelles sur quelques jours à quelques semaines. Elles signent un épisode infectieux à SARS-CoV-2 qui est déjà terminé dans la majorité des cas." Au total, l'Organisation mondiale de la santé recense 13 symptômes associés aux formes non-graves de la Covid-19, dont les éruptions cutanées.