La pleine conscience est un vaste sujet. Omniprésente dans les sociétés asiatiques pour son rôle central dans la religion — notamment le bouddhisme où elle constitue une étape essentielle pour atteindre l’éveil spirituel — la pleine conscience est arrivée en Occident dans les années 1970 grâce à la méditation. Si dans les sociétés occidentales, il est compliqué de détacher la méditation de la pleine conscience, la pratique est de plus en plus répandue. Que ce soit au travers d’applications telles que Petit BamBou, Namatata, Calm ou Mind, voire de séries Netflix comme Headspace Guide to Meditation, la pratique s’est largement développée pour tous les avantages qu’elle est censée procurer.
La pleine conscience consiste à détacher son esprit de toutes formes de distraction pour focaliser son attention sur l’instant présent. Le but de cette méthode est de prendre le temps de recentrer sur soi-même, sur ses observations et son ressenti sans porter de jugement ni rien attendre en retour de cette pause. La principale difficulté de cet exercice mental réside dans le fait de ne pas se laisser distraire par ses pensées ou par le monde extérieur.
La consécration du lâché-prise et de l’introspection
En pratiquant assidument, la pleine conscience permet d’aborder les choses de la vie de manière beaucoup plus détachée. Au niveau des vertus qu’elle possède, la pleine conscience peut réduire l'anxiété, la dépression et le stress et accroître le bien-être mental. Pour autant, si sa pratique est à portée de tous, dans une récente étude parue le 11 janvier 2021 dans la revue Plos Medicine, des chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) indiquent que la pleine conscience possède des atouts mais qu'elle ne fonctionne pas pour tout le monde.
Pour bien le comprendre, les chercheurs ont mené une revue systématique et une méta-analyse des données relatives à la pleine conscience. En compilant les 136 essais contrôlés randomisés faisant la promotion de la pleine conscience dans des espaces communautaires telles les universités, les lieux de travail ou les cours privés, ils ont pu avoir accès aux résultats de 11 605 participants répartis dans 29 pays.
Le premier enseignement de cette méta-analyse, c’est que par rapport à l’inaction totale, la pleine conscience réduit effectivement l'anxiété, la dépression et le stress tout en augmentant le bien-être. “Pour la personne et le cadre moyens, la pratique de la pleine conscience semble être meilleure que de ne rien faire pour améliorer notre santé mentale, en particulier en ce qui concerne la dépression, l'anxiété et la détresse psychologique, souligne Julieta Galante, docteure en psychiatrie à l’université de Cambridge. Toutefois, nous ne devrions pas supposer que cela fonctionne pour tout le monde et partout.”
Apprécier le temps pris pour soi, quelle qu’en soit la forme
En effet, certains essais font également mention de cas où la pleine conscience n’a eu aucun bénéfice sur ses pratiquants. De plus, les chercheurs reconnaissent que les données prises lors de ces études peuvent ne pas être représentatives de la réalité, car de nombreux participants ont cessé de participer aux cours de pleine conscience sans l’on ne sache pourquoi. Ils ne sont pas représentés dans les études alors que leur défection est un élément intéressant à prendre en compte pour contrebalancer les bienfaits de cette pratique.
Comme le confirme Julieta Galante, la pratique de la pleine conscience n’est pas à la portée de tous car elle fonctionne beaucoup mieux sur un public qui est réceptif au stress dans son quotidien. “Les cours qui fonctionnent le mieux peuvent être ceux qui s'adressent aux personnes les plus stressées ou dans des situations stressantes, par exemple les travailleurs de la santé, car ils semblent en retirer le plus grand bénéfice”.
Enfin, les nombreux bienfaits de cette pratique ne s’acquièrent pas uniquement par ce biais; réaliser quelque chose pour soi, que ce soit la méditation, du sport ou de la pleine conscience semble être le seul véritable élément déclencheur de ces bénéfices. “Bien que la pleine conscience soit souvent préférable à l'inaction, nous avons découvert qu'il peut y avoir d'autres moyens efficaces d'améliorer notre santé mentale et notre bien-être, comme l'exercice physique. Dans de nombreux cas, ces moyens peuvent s'avérer plus appropriés s'ils sont plus efficaces, plus acceptables sur le plan culturel ou s'ils sont plus réalisables ou plus rentables à mettre en œuvre. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a maintenant plus d’options”, conclut Julieta Galante.