Les mastocytes seraient responsables du syndrome du côlon irritable, ou syndrome de l’intestin irritable. C’est l’affirmation des chercheurs de la Kathilieke Unisersiteit Leuven, en Belgique, qui viennent de publier leurs travaux dans la revue Nature. Selon eux, lorsque les malades mangent certains aliments, un mécanisme biologique déclencherait leurs douleurs. Il s’agit de la réponse immunitaire de leur organisme à ces aliments, qui active les cellules mastocytes dans la paroi intestinale. Les mastocytes sécrètent de l'histamine - un composé organique naturel - qui provoque des maux d'estomac et autres troubles.
"La manière dont ces mastocytes sont activées était une énigme", explique le professeur Guy Boeckxstaens, gastro-entérologue à la KU Leuven et auteur principal de l'étude. "Avec cette étude, nous apportons l'explication. C'est une réponse immunitaire très localisée, dans la paroi intestinale, qui active ces mastocytes. Or, on a toujours pensé que ces cellules étaient activées par le stress." A terme, cette découverte pourrait permettre d’élaborer de nouveaux traitements plus efficaces, qui bloqueraient l'activation des mastocytes.
Trois femmes touchées pour un homme par le syndrome du côlon irritable
Le syndrome de l’intestin irritable touche 5% de la population adulte, selon la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE). Il s’agit d’un trouble bénin du fonctionnement de l’intestin, du côlon et/ou du gros intestin, mais qui peut occasionner d’importantes gênes comme des douleurs abdominales, des diarrhées, des constipations, etc. Le diagnostic est généralement fait entre 30 et 40 ans, même si ce syndrome peut apparaître avant, chez les enfants ou les adolescents. Parmi les patients, les femmes sont généralement plus touchées que les hommes, avec un rapport de trois pour un dans la population adulte.
“Ces troubles sont liés à une réelle maladie”
"Ces patients (qui souffrent du syndrome du côlon irritable) ne sont souvent pas pris au sérieux par les médecins", poursuit le professeur. "L'absence de réaction allergique est utilisée comme argument pour leur dire que c'est dans leur tête et que leur physiologie gastro-intestinale ne présente pas de problème. Ces nouvelles connaissances nous livrent une preuve supplémentaire que ces troubles sont liés à une réelle maladie".
En effet, la plupart de ces malades n’ont pas d’allergies alimentaires prouvées. Certains régimes peuvent diminuer les douleurs, comme l’élimination totale du gluten, une protéine contenue dans l’orge, le blé ou le seigle. Mais, jusqu’à présent, aucune étude n’établissait de lien entre l’arrêt du gluten et l’amélioration de l’état des patients puisqu’ils n’y sont pas allergiques. Avec ces récents travaux, on peut supposer que le gluten activerait les cellules mastocytes de certains patients.
Un régime alimentaire spécifique pour réduire les douleurs
Bien souvent, le syndrome de l’intestin irritable est une pathologie chronique. La prise en charge consiste donc, avant tout, à diminuer les douleurs qui y sont liées. Pour cela, les médecins proposent différentes solutions. Tout d’abord, des régimes alimentaires équilibrés, sans nourriture grasse, avec des portions raisonnables et en éliminant les aliments qui sont mal supportés par les malades. Des cures de probiotiques peuvent aussi être conseillées. Si les douleurs persistent, les patients peuvent prendre des médicaments antispasmodiques. Enfin, dernière astuce : l’exercice physique, qui peut aussi soulager les patients.