La question a été abordée lors d’une rencontre virtuelle sur la recherche et la prévention du VIH : peut-on trouver un vaccin contre le VIH - le virus responsable du Sida - en utilisant l’ARN messager (ou l’ARNm) ? Cette technologie est utilisée par les laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna pour leur vaccin contre la Covid-19.
Pour Glenda Gray, membre de l’Académie des sciences d’Afrique du Sud, il faudrait utiliser l’ARNm dans la recherche d’un vaccin contre le VIH. “Il est tout à fait logique d’examiner comment nous pouvons y parvenir. Nous devons donc procéder à une méthode inverse", insiste Glenda Gray. "Comme on l’a fait pour Zika, Ebola et Sars covid 2, nous devons voir comment nous pouvons utiliser l’ARNm dans la recherche d’un vaccin contre le VIH”.
Mais quel est le rapport entre la Covid-19 et le Sida ? Ces deux maladies sont causées par deux virus - respectivement le Sras-Cov-2 et le VIH - à ARN. Mais leur ressemblance s’arrête ici. Ces pathologies n’engendrent pas les mêmes symptômes et ne reposent pas sur les mêmes mécanismes d’infection. De plus, le VIH mute beaucoup plus vite que le Sras-Cov-2, ce qui signifie qu’il est plus difficile à combattre pour le système immunitaire. Ainsi, malgré les recherches, les scientifiques ont plus de difficultés à mettre au point un vaccin contre le VIH.
L’ARN messager code des protéines de l’agent infectieux
Qu’est ce la technologie de l’ARN messager ? Pour la comprendre, il faut d’abord revenir sur la méthode de vaccination classique. Elle consiste à introduire un microbe ou virus rendu inoffensif dans l’organisme d’un patient afin que son système immunitaire apprenne à le reconnaître et mette en place des procédés pour le neutraliser. L’individu sera ainsi protégé contre une future contamination, car il aura produit des cellules immunitaires mémoires.
Pour le vaccin à ARN messager, le but est évidemment le même mais pas la méthode. La différence réside dans l’injection faite au patient. La dose contient des molécules d’ARN messager codant des protéines de l’agent pathogène, alors que dans la vaccination classique, c’est le microbe ou le virus rendu inoffensif qui est injecté.
Le résultat est qu’avec l’ARN messager, les cellules de l’individu vacciné vont produire elles-même les agents infectieux contre lesquels elles vont devoir lutter. Ensuite, le système immunitaire produira les anticorps nécessaires pour lutter contre le microbe ou le virus, et les cellules mémoires lui permettront de ne plus jamais être infecté.
Les vaccins à ARN messager difficiles à stocker et transporter
Cette technique de l’ARN messager a été choisie par Pfizer/BioNTech et Moderna pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les vaccins issus de cette technologie sont plus simples et rapides à produire. Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, c’est un argument de poids pour les laboratoires, qui doivent fournir des milliards de doses en un temps record.
Le bémol est qu’il faut conserver ces vaccins à des températures très basses, ce qui complique le transport et le stockage. D’autant plus que les différents établissements sanitaires et professionnels de santé n’ont pas nécessairement les équipements adaptés. Jusqu’à aujourd’hui, aucun autre vaccin reposant sur la technologie de l’ARN messager n’avait encore été mis sur le marché.