- La qualité des aliments bruts est supérieure à celle des aliments transformés.
- A dépense énergétique égale, les personnes mangeant des aliments bruts stockeront moins de gras que les autres.
- Les personnes souffrant d'obésité étant enfant le restent souvent à l'âge adulte.
L’alimentation n’est pas un sujet à prendre à la légère. Que ce soir dans le choix des aliments ou dans leurs qualités nutritives, elle occupe une place bien trop importante dans la vie pour ne pas s’en préoccuper. A calories égales, les aliments sains seront mieux assimilés par le corps que les aliments transformés. C’est la conclusion des chercheurs de l’université de Baylor (Etats-Unis) qui ont étudié l’alimentation à travers le monde et ses conséquences, notamment sur l’obésité. Les résultats ont été publiés dans le Journal of Nutrition le 18 janvier 2021.
Alimentation rurale contre produits transformés
Pour cette expérience, les chercheurs se sont intéressés aux enfants indigènes de l’ethnie des Shuars, un peuple amérindien qui vit à cheval sur la frontière entre l’Equateur et le Pérou. Dans ces populations, le niveau de graisse est relativement faible par rapport aux autres. Pour se rendre compte des méfaits de l’alimentation sur leur corps, les chercheurs ont comparé 43 enfants shuars ruraux avec 34 enfants shuars vivant en milieu périurbain en Equateur.
D’un côté, les enfants de l’échantillon rural vivent dans une région géographiquement isolée et dépendent principalement de la chasse, la pêche, la recherche de nourriture et l'horticulture à petite échelle pour pouvoir subsister à leurs besoins. De l’autre, les enfants périurbains vivent à proximité d’un centre commercial régional avec accès aux routes, à un hôpital, à des magasins, à des restaurants et à d'autres commodités.
Pour mesurer les répercussions de l’alimentation sur les enfants, les chercheurs ont recueilli de nombreuses données, tels que les revenus des ménages ou l’accès à l’eau courante. Ils ont également pris en compte le niveau d’activité physique des enfants ainsi que des échantillons de sang, afin d’identifier de potentiels biomarqueurs. En s’intéressant au niveau d’activité physique, les chercheurs ont voulu estimer la dépense énergétique quotidienne des enfants, aussi bien lors d’une activité qu’au repos.
Selon les résultats, les enfants périurbains présentent en moyenne 65 % de graisse corporelle de plus que les enfants ruraux, plus d'un tiers des enfants périurbains étant classé en surpoids, contre zéro pour les enfants ruraux. Ces enfants consomment également quatre fois plus de produits transformés que les enfants ruraux. Bien que leur niveau d’activité physique soit similaire, les enfants périurbains dépensent chaque jour 108 calories de moins que les enfants ruraux lorsqu'ils sont au repos. Selon les chercheurs, cela serait en partie liée à des niveaux d'activité immunitaire inférieurs de 16 à 47 %.
Activité physique égale mais dépense énergétique différente
Pour les chercheurs, la variation de la consommation des aliments transformés, mais pas de la dépense énergétique quotidienne, est liée à la graisse corporelle des enfants. En mesurant plusieurs aspects de l'équation du bilan énergétique, les chercheurs estiment que leurs conclusions fournissent des preuves convaincantes du rôle principal probable de la modification de l'apport alimentaire, plutôt que de la réduction de la dépense énergétique quotidienne, dans l'augmentation de l'obésité infantile dans de nombreuses populations.
“Nos conclusions sont en accord avec un nombre croissant de recherches indiquant qu'une mauvaise alimentation est le facteur le plus important du développement de l'obésité infantile, indique Samuel Urlacher, professeur adjoint d'anthropologie à l'université Baylor et auteur principal de l’étude. L'exercice physique reste absolument un élément essentiel de cette équation et est indispensable pour mener une vie saine, mais l'alimentation semble de plus en plus directement liée à l'adiposité des enfants et à leur bilan énergétique à long terme.”
Dans le monde, l’obésité chez les enfants et les adolescents est passée de 4 % en 1975 à 18 % en 2016, selon la NCD Risk Factor Collaboration. De plus, les enfants atteints par le surpoids le restent souvent à l’âge adulte, ce qui a des conséquences sur leur espérance de vie, et les pathologies qu’ils peuvent développer, comme le diabète de type 2 ou les maladies cardiaques.
“L'obésité infantile est un problème complexe qui doit être abordé à de nombreux niveaux différents, allant du biologique à l'environnemental, économique, social et politique, développe Samuel Urlacher. En fin de compte, tous ceux qui travaillent sur ce problème veulent la même chose : améliorer la santé et le bien-être des enfants tout au long de leur vie. Nous espérons que ce travail pourra finalement contribuer à cet effort, en particulier pour les Shuar dont la générosité et le partenariat ont rendu cette recherche possible.”