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Innovation

Echographies vaginales : une parade contre le risque d'infection

Un nouveau système de désinfection des sondes d'échographie avec des UV-C a reçu le prix Galien du dispositif médical innovant 2020. Il offrirait une plus grande sécurité pour les patients par rapport aux procédés chimiques utilisés jusque-là. Clément Deshays, patron de la société Germitec qui l'a mis au point, répond aux questions de Pourquoi Docteur.

Echographies vaginales : une parade contre le risque d'infection Kateryna Kukota/iStock




- Pourquoi Docteur : Vous venez de recevoir le prix Galien du dispositif médical innovant 2020 avec votre système de désinfection des sondes d’échographie. De quoi s’agit-il ?

Clément Deshays : Hypernova Chronos c’est une enceinte de désinfection qui est équipée de sources UV de type C, de capteurs optiques et d’algorithmes qui contrôlent l’ensemble de ces sources. Cela permet de réaliser une désinfection de niveau haut en 90 secondes là où les techniques concurrentes pour le matériel d’échographie prennent entre 12 et 30 minutes. C’est le premier système de désinfection de niveau haut photonique et non chimique.

Mais la désinfection avec des UV, c’est une technique déjà utilisée …

C.D. : Oui, il y a déjà eu des systèmes qui utilisent les UV pour désinfecter mais jamais à ce niveau-là, jamais sur ce type d’instruments et jamais avec le contrôle que l’on apporte et qui permet de garantir la désinfection. On était plutôt jusque-là avec des outils comme ceux qu’utilisent les coiffeurs pour assainir leurs ciseaux ! C’est la première fois que l’on a un système maîtrisé et qui permet d’être labélisé comme désinfection de haut niveau.

Techniquement, comment fonctionne ce dispositif ?

C.D. : La désinfection par UV-C, ce sont des sources qui émettent des photons sur une longueur d’ondes particulière. Ces photons ont une charge d’énergie très importante et quand ils rencontrent un micro-organisme, ils pénètrent dedans et détruisent son ADN.

Quels besoins vous ont amené à mettre au point ce système ?

C.D. : Au départ, c’est une demande des radiologues Français qui considéraient qu’ils ne pouvaient pas faire une désinfection efficace de leurs sondes d’échographie entre 2 patients. Tout ce qui existait jusque-là sur le marché n’était pas compatible avec leur pratique : ils ont environ 5 minutes de temps entre deux patients et les autres techniques de désinfection prennent entre 12 et 30 minutes ! Résultat, il leur faudrait avoir des sondes en plus ou du personnel qui ne s’occupe que de cela, ce qui bouleverserait leur organisation et n’est donc pas possible pour eux. Cette problématique est internationale, on a voulu tirer un trait d’union entre la productivité des soins et la sécurité des patients en rendant possible une désinfection efficace entre 2 patients.

Y a-t-il avec les systèmes usuels et de niveau inférieur un risque d’infection pour les patients ?

C.D. : Il y a un grand débat sur ce sujet. En effet, les infections qui peuvent être transmises par les sondes d’échographie sont pour l’essentiel des maladies sexuellement transmissibles dont les symptômes apparaissent tardivement. Et quand les patientes s’en rendent compte, elles ne font pas forcément le lien avec une échographie qui a eu lieu plusieurs mois ou années auparavant. Toutefois, il y a des simulations épidémiologiques qui estiment qu’il y aurait plusieurs milliers de patientes infectées chaque année avec les techniques traditionnelles de désinfection des sondes. Et une étude de la NHS écossaise montre que, faute de pouvoir réaliser une désinfection de niveau haut, les méthodes actuellement encore utilisées entraînent une augmentation de 41% du risque d’être victime d’une infection pour une échographie vaginale, ces échographies représentant 90% des échographies endocavitaires.

Quelles étaient jusque-là les méthodes de désinfection utilisées ?

C.D. : Notre technologie vient remplacer soit une simple lingette, pour les usages les moins rigoureux, soit la technique dite du trempage chimique, un récipient de produits chimiques toxiques dans lequel on fait tremper l’instrument, ou des systèmes plus complexes combinant des cartouches de peroxyde d’hydrogène et des ultrasons pour nano-nébuliser le désinfectant dans une enceinte. Les méthodes chimiques efficaces sont très longues et complexes à appliquer

Quels sont les patients les plus concernés par l’utilisation de ce dispositif ?

C.D. : Les personnes les plus concernées sont toutes les femmes enceintes ! Et notamment celles qui, pour des fécondations in-vitro, font beaucoup d’échographies vaginales. Mais il y a aussi les biopsies de la prostate pour les hommes, dans les anesthésies locales régionales, pour les services d’urgence où les sondes sont en contact avec des lésions ou du sang et en soins intensifs où les sondes servent au placement des cathéters.

Votre dispositif est-il une réponse à de nouvelles exigences réglementaires en matière de désinfection ?

C.D. : Sur le sujet de la désinfection des sondes d’échographie vaginale, les principaux pays développés ont en effet émis de nouvelles recommandations ces trois dernières années. De nombreuses recherches ont montré que l’on était face à un vrai problème de santé publique. En suivant les recommandations des sociétés Mondiale et Européenne d’Echographie, plusieurs pays dont la France se sont raccrochés à la tête de pont que représentaient les USA, le Canada et l’Australie qui ont imposé depuis longtemps un niveau de désinfection élevé pour ces pratiques.

Qu’est-ce qu’apporte votre système et, au-delà des sondes d’échographie, pour quels instruments liés aux soins peut-il être utilisé ?

C.D. : Notre dispositif est automatique, il offre une traçabilité, il supprime le risque d’erreur humaine, c’est le seul qui ait prouvé son efficacité contre le papillomavirus en conditions de laboratoire et en conditions réelles, il est rapide et permet aux praticiens d’être sûrs de pouvoir désinfecter leurs sondes entre deux patients. Et bien sûr, c’est le seul système qui n’utilise pas de produits chimiques qui représentent un danger pour les professionnels de santé comme pour les patients puisque l’on sait, par exemple en cas de FIV, que les résidus de ces produits peuvent endommager gamètes et embryons. Pour toutes ces raisons, cette technique pourrait s’appliquer à beaucoup d’instruments médicaux, au-delà des sondes d’échographie, les endoscope ORL, les laryngoscopes, les sondes ophtalmologiques, en fait la plupart des instruments en contact avec des muqueuses.

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