Malgré les recommandations et avertissements des professionnels de santé, une femme enceinte sur cinq continue de fumer du cannabis pendant sa grossesse, ce qui n’est pas sans risque pour la santé du futur bébé. De récentes études ont ainsi montré que la consommation de marijuana pouvait entraîner une réduction du poids du bébé à la naissance et une diminution de plus de 20% de la croissance du cerveau et du foie, ainsi qu’occasionner des troubles du sommeil.
Mais cette consommation de drogue douce peut aussi être néfaste avant même que survienne une grossesse. Selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs des agences gouvernementales américaines National Institutes of Health publiée dans la revue Human Reproduction, la consommation de cannabis (marijuana ou haschich) pourrait influencer les taux de réussite à concevoir un enfant.
40 % de chances en moins de tomber enceinte
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi des femmes qui tentaient de concevoir après une ou deux fausses couches antérieures. Les résultats ont montré que celles qui avaient consommé du cannabis dans les semaines précédant leur grossesse avaient environ 40 % de chances en moins de concevoir par cycle menstruel que les femmes qui n’étaient pas consommatrices.
Selon les chercheurs, ces résultats suggèrent que le cannabis pourrait affecter la fertilité des femmes même s’ils concèdent qu’ils doivent être pris avec prudence, l’étude n'ayant observé qu'un nombre relativement faible de consommatrices de cannabis.
D’autres résultat, d’une étude cette fois-ci menée sur une cohorte plus large, vont cependant dans le même sens. Les chercheurs ont analysé les données de plus de 1 200 femmes âgées 18 à 40 ans ayant eu une ou deux fausses couches. Les participantes ont été suivies jusqu’à six cycles menstruels pendant la tentative de grossesse, puis tout au long de leur grossesse si la conception a eu lieu. Elles ont notamment répondu à un questionnaire où elles ont estimé leur consommation de cannabis au cours des 12 derniers mois. Chacune a aussi fourni des échantillons d’urine pour analyse au début de l’étude, puis après six mois ou au moment du test de grossesse positif.
Au total, 62 femmes (5 %) ont soit eu un test d'urine positif, soit répondu qu'elles avaient consommé du cannabis avant la conception.
Pour chaque cycle menstruel, les femmes qui avaient consommé du cannabis en essayant de concevoir avaient 41 % de chances de moins de concevoir que les non-utilisatrices. De même, une proportion plus faible de consommatrices de cannabis que de non-utilisatrices est tombée enceinte au cours de l'étude (42 % contre 66 %). Les auteurs n'ont en revanche constaté aucune différence dans les taux de fausses couches entre les consommatrices et les non-consommatrices de cannabis qui étaient tombées enceintes.
Enfin, les chercheurs ont constaté que les consommatrices présentaient des taux d’hormones impliquées dans l’ovulation plus faibles. Selon eux, cela peut avoir influencé leur probabilité de conception.