Cela fait plus d’un an que le quotidien de la planète avance au rythme de la pandémie de Covid-19. S’il reste encore des inconnues sur ce virus, certaines problématiques étaient considérées comme comprises, comme les formes sévères de la Covid-19. Pourtant, si la tempête de cytokine est bien à la manoeuvre dans les formes graves, il semblerait que ça ne soit pas le seul phénomène qui s'attaque à l’organisme. Dans un article mis en ligne le 19 janvier 2021 par la revue Nature, des chercheurs précisent un mécanisme qui incite le corps à s’autodétruire avec ses propres anticorps.
De plus en plus d’études suggèrent que le système immunitaire pourrait se tromper de cibles en attaquant le coronavirus. Au lieu de s’en prendre à l’infection, le système immunitaire se retourne contre son porteur, c’est ce que l’on appelle l’auto-immunité. Au tout début de la pandémie, les chercheurs étaient persuadés que la cytokine était à l’origine des formes graves, car la réponse immunitaire qu’elle engendrait était trop forte et massive pour le corps, qui ne pouvait pas suivre, ce qui entraînait des tempêtes de cytokine. Les chercheurs focalisent désormais leur attention sur le rôle des auto-anticorps, des anticorps malveillants qui attaquent aussi bien les défenses immunitaires de l’organisme que des protéines spécifiques au fonctionnement de certains organes.
Une protection qui se retourne contre l’organisme
“Contrairement aux tempêtes de cytokines, qui ont tendance à causer des problèmes systémiques de courte durée, on pense que les auto-anticorps provoquent des dommages ciblés à plus long terme”, explique au journal Nature Akiko Iwasaki, immunologiste à l’université de Yale. Les auto-anticorps sont produits naturellement par notre corps, mais dans des proportions beaucoup plus raisonnables. Toutefois, lors de l’infection par la Covid-19, certaines personnes seraient prédisposées à produire trop d'auto-anticorps, ce qui pourrait expliquer la gravité de l’infection par la suite.
Des chercheurs américains de l’université Rockefeller s’étaient d’ailleurs rendu compte en septembre 2020 que 10% des patients, principalement des hommes, atteints par la forme sévère de Covid-19 possédaient des auto-anticorps qui attaquaient leur propre système immunitaire. Des recherches sont actuellement en cours sur 40 000 personnes pour déterminer combien d'entre elles possèdent des auto-anticorps préexistants et si leur répartition par âge, par ascendance et par sexe correspond à celle de la Covid grave.