- L'étude, portant sur des souris, a montré que l'exposition aux rayons UV stimulait la production de globules blancs appelés neutrophiles.
- Les neutrophiles s'infiltrent dans la peau, puis se dispersent ans le système circulatoire et migrent vers les reins, ce qui cause des lésions subcliniques, et ce même chez les souris saines.
- Chez les souris atteintes d'un lupus, ces lésions subcliniques ont pour conséquence une aggravation de l'inflammation rénale.
Maladie chronique sous-diagnostiquée mais touchant jusqu’à 60 000 personnes en France, le lupus se caractérise par un dérèglement du système immunitaire : les lymphocytes s’attaquent aux cellules de l’organisme et les détruisent. Pouvant toucher tous les organes du corps, du cœur aux reines, en passant par la peau ou les articulations, le lupus se manifeste par des symptômes très différents comme de la fièvre, des douleurs articulaires, des troubles de la vision, des maux de tête ou des gonflements dans les pieds, les mains ou les jambes.
De précédents travaux ont étudié les facteurs environnementaux susceptibles de participer au déclenchement d’un lupus. C’est le cas des rayons ultraviolets qui, chez jusqu’à 80 % des patients, peuvent déclencher à la fois une inflammation locale de la peau et des poussées systémiques, y compris des maladies rénales. Mais, jusqu’ici, les mécanismes sous-jacents de ce processus étaient peu compris.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs de la Geisel School of Medicine à Dartmouth et de l'Université de Washington (UW), publiée dans PNAS, apporte une réponse. Selon eux, un type de globules blancs, les neutrophiles, joueraient un rôle dans le déclenchement de l’inflammation et l’aggravation des lésions de la peau et des reins.
Une inflammation due aux neutrophiles
Pour comprendre comment une exposition aux rayons UV pouvait déclencher l’inflammation rénale, les chercheurs s’est donc intéressée aux neutrophiles. Ce type de globules blancs, que l’on trouve en abondance dans l’organisme, est en première ligne de défense en cas d’infection. Leur activité est associée à une amplification de la réaction inflammatoire chez les patients atteints de lupus, ce qui peut causer des lésions de la peau et des tissus rénaux.
Les chercheurs ont soumis des souris à une exposition aux rayons UV et ont ensuite cherché des marqueurs d'inflammation et de blessure dans la peau, le sang et les reins. Ils ont alors constaté que neutrophiles ne se sont pas seulement infiltrés dans la peau exposée aux UV, mais qu'ils se sont également dispersés dans le système circulatoire et ont migré vers les reins.
Des lésions subcliniques constatées même chez les souris saines
Les chercheurs ont ainsi découvert qu'une seule exposition de la peau aux UV stimule les processus inflammatoires et les lésions rénales, y compris la protéinurie transitoire (présence anormale de protéines dans les urines), et ce même chez des souris normales et saines. Chez ces dernières, les scientifiques ont remarqué des lésions subcliniques, "c'est-à-dire un processus inflammatoire et lésionnel qui se produit dans le rein et qui n'est pas visible par la pathologie ou en regardant le tissu lui-même". "Les souris se rétablissent et se portent bien par la suite", précise Sladjana Skopelja-Gardner, professeure assistante de médecine à la Geisel School of Medicine.
Chez les patients atteints de lupus cependant, cette lésion subclinique peut entraîner une poussée de la maladie rénale après une exposition à la lumière du soleil.
"Dans l'ensemble, je pense que nos recherches démontrent que l'exposition de la peau aux rayons UV peut être à l'origine de voies inflammatoires pertinentes pour le lupus, et que les neutrophiles jouent un rôle important en tant que médiateur pathogène dans ce processus, contribuant aux lésions rénales", conclut la Pr Skopelja-Gardner.