- L'utilisation régulière d'aspirine est liée à un risque de cancer colorectal plus faible chez les personnes de moins de 70 ans.
- Après 70 ans ce bénéfice n’est plus significatif
- La prise d'aspirine doit être évitée pour les personnes ayant des risques cardiovasculaires
Une prise légère mais régulière d’aspirine permet de diminuer les risques de développer un cancer du côlon. Cet effet positif de l’aspirine a été confirmé par plusieurs publications scientifiques, notamment une étude danoise datant de 2015 qui conclut sur une diminution de 30% des risques, une américaine en 2016 selon laquelle le risque est diminué de 19% ou encore en 2017 où l’aspirine apparaît comme ayant un effet anti-cancer grâce à ses propriétés antiplaquettaires. Une nouvelle étude, parue le 21 janvier dans la revue JAMA Oncology confirme ces effets contre le cancer du côlon mais met en garde les personnes de plus de 70 ans qui commenceraient à prendre régulièrement de l’aspirine. Pour eux, cela ne permettrait pas de réduire les risques de cancer du côlon.
Avant 70 ans, les risques diminuent
Les chercheurs ont confirmé que l'utilisation régulière d'aspirine est liée à un risque de cancer colorectal plus faible chez les personnes âgées de 70 ans ou plus. Cependant, ils ont découvert que passé 70 ans cet avantage n’est plus significatif et que les personnes qui ont commencé à utiliser régulièrement de l'aspirine à l'âge de 70 ans ou plus ne semblent pas en retirer d'avantages.
Par ailleurs, si une personne commence à prendre de l’aspirine avant 70 ans mais continue après, les effets positifs sont confirmés. “Au fur et à mesure que les gens vieillissent, s'ils ne prennent pas déjà d'aspirine, une discussion s'impose sur l'opportunité de commencer l'aspirine après avoir pesé les avantages par rapport aux risques”, affirme Andrew Chan, gastro-entérologue et chef de l'unité d'épidémiologie clinique du MGH.
Les chercheurs américains du Massachusetts General Hospital (MGH) qui ont réalisé cette recherche ont analysé deux études menées sur le long terme, respectivement entre 1980 et 2014 et entre 1986 et 2014, qui ont compris un total de 94 500 participants. “Elles offrent une occasion unique de comprendre l'effet de l'utilisation d'aspirine tout au long de la vie sur le risque de cancer”, ont écrit les chercheurs. “Il existe des preuves considérables que l'aspirine peut prévenir le cancer colorectal chez les adultes entre 50 et 70 ans, poursuit Andrew Chan. Mais il n'a pas été clair si l'effet est similaire chez les personnes âgées. Les résultats suggèrent fortement qu'il existe une différence biologique potentielle dans l'effet de l'aspirine à des âges plus avancés qui nécessite des recherches supplémentaires.”
Après 70 ans, le risque de décès par cancer augmente
Un récent essai ASPREE (Aspirin in Reducing Events in the Elderly), dont les résultats ont été publiés le 18 octobre 2018 dans le New England Journal of Medicine, confirme l’effet négatif de l’aspirine pour les personnes de plus de 70 ans. Il a rapporté que les participants qui ont pris une faible dose quotidienne d'aspirine (100 mg) après l'âge de 70 ans pendant environ cinq ans ont un risque inattendu de décès par cancer 30% plus élevé. La grande majorité des participants ASPREE (89%) n’ont jamais pris d'aspirine régulièrement avant de rejoindre l'étude.
Par ailleurs, la prise d’aspirine n’est pas anodine. Elle doit notamment être évitée pour les personnes sans antécédents cardiovasculaires. Une étude parue le 21 novembre 2019 dans la revue Family Practice a révélé un sur-risque d’évènements cardiovasculaires, d’hémorragies chez les personnes prenant régulièrement de l’aspirine ou encore de saignements cérébraux.