La peau est la première barrière contre les agressions extérieures, les virus et les bactéries. Pour autant, aussi efficace soit cette protection, elle peut avoir ses failles. Les chercheurs de l’Institut Wellcome Sanger, de l’université de Newcastle et du King’s College de Londres (Royaume-Uni) ont créé un atlas des cellules de la peau. Ils ont ainsi pu découvrir que la peau des personnes souffrant d'eczéma et de psoriasis, deux maladies inflammatoires de la peau, possédaient un processus cellulaires du développement réactivé, ce qui ne devrait pas être le cas. L’étude a été publiée le 22 janvier 2021 dans la revue Science.
Cartographier toutes les cellules de la peau
La peau est un tissu complexe composé de nombreux types de cellules différentes. Les maladies inflammatoires de la peau telles que l'eczéma atopique et le psoriasis sont des maladies chroniques, dans lesquelles le système immunitaire devient trop actif, provoquant des démangeaisons ou des desquamations de la peau qui peuvent être très douloureuses et sujettes aux infections. Bien que ces pathologies soient répandues, il n’y a pas réellement de remèdes ou de traitements efficaces car les produits vendus dans le commerce soulagent les symptômes et non la cause.
Pour mieux comprendre d’où ces problèmes de peau tirent leur origine, les chercheurs ont réalisé des biopsies sur des adultes en bonne santé et sur des patients atteints d’eczéma et de psoriasis qu'ils ont compéres àç l'analyse de peaux en développement. Grâce à des machines de pointe dotées d’intelligences artificielles, les chercheurs ont pu analyser plus d'un demi-million de cellules cutanées, pour voir exactement quels gènes étaient activés dans chaque cellule. Cela leur a permis de découvrir ce que fait chaque cellule et comment elles communiquent entre elles. Étonnamment, les cellules cutanées malades partagent un grand nombre des mêmes mécanismes cellulaires que les cellules en développement.
De possibles applications sur d’autres maladies
“Cet atlas des cellules de la peau révèle les signaux moléculaires spécifiques envoyés par une peau saine en développement pour appeler les cellules immunitaires et former une couche protectrice, analyse Muzlifah Haniffa, co-auteur principal de l’étude, professeur à l’université de Newcastle et membre de la faculté associée de l’Institut Wellcome Sanger. Nous avons été stupéfaits de voir que les cellules cutanées de l'eczéma et du psoriasis envoyaient les mêmes signaux moléculaires, ce qui pourrait suractiver les cellules immunitaires et provoquer la maladie. Cela n'avait jamais été vu auparavant. Découvrir que les voies cellulaires en développement réapparaissent est un grand pas en avant dans notre compréhension des maladies inflammatoires de la peau, et offre de nouvelles voies pour trouver des traitements.”
Grâce à cette étude, les chercheurs ont pu découvrir comment le tissu cutané sain se développe tout en cartographiant parfaitement les cellules qui composent la peau d’un adulte. Pour le docteur Gary Reynolds, premier auteur de l’étude et professeur à l’université de Newcastle, cette découverte pourrait aller au-delà d’un traitement contre les problèmes de peau. “Bien que notre étude se soit concentrée sur les maladies inflammatoires de la peau, il est possible que d'autres maladies inflammatoires telles que l'arthrite rhumatoïde ou les maladies inflammatoires de l'intestin puissent être déclenchées de la même manière. Cette recherche montre l'importance d'étudier le développement, et pourrait ouvrir des voies entièrement nouvelles pour la recherche sur les maladies inflammatoires.”