C’est une première dans l’Union européenne. Le ministre allemand de la santé, Jens Spahn, a annoncé dimanche 24 janvier que son pays autorisait deux nouveaux traitements contre la Covid-19 dont l'action repose sur des anticorps de synthèse : ils permettent de bloquer la pointe du virus et de l’empêcher de se fixer sur les cellules humaines et d’y pénétrer ensuite. Il doit être utilisé au début de l’infection afin de maximiser ses chances de réussite. Lorsque la maladie entre dans sa deuxième phase, le danger n’est plus le virus, mais la réaction du système immunitaire, qui provoque une inflammation grave. D’après le ministre de la santé, les anticorps de synthèse "fonctionnent comme une vaccination passive", et permettent d’empêcher l’évolution vers ces formes graves. Début octobre 2020, ce type de médicament avait été utilisé pour soigner l’ex-président américain Donald Trump.
Deux médicaments différents au fonctionnement similaire
200 000 doses ont été achetées par le gouvernent allemand pour 400 millions d’euros. Elles seront administrées gratuitement aux malades. Le recours à ce type de thérapie sera déterminé au cas par cas, pour prévenir "une maladie grave ou des hospitalisations parmi certains groupes à risque". Deux entreprises américaines devraient fournir le traitement à l’Allemagne : Regeneron, qui fabrique le Casirivimab/Imdevimab et Eli Lilly, productrice du Bamlanivimab. Le fonctionnement de ces deux produits est similaire mais le premier s’appuie sur deux anticorps de synthèse, contre un seul pour le deuxième. Ces deux médicaments sont autorisés depuis novembre aux États-Unis. Ils sont administrés aux personnes à risque, celles souffrant de comorbidités, comme les personnes diabétiques, immunodéprimées ou celles atteintes d'insuffisance rénale. L’Union européenne n’a pour l’instant pas approuvé leur utilisation.
De nombreux essais de traitement sont en cours
Plusieurs essais de traitement contre la Covid-19 sont en cours dans le monde. Récemment, des chercheurs canadiens ont montré que la colchicine, un médicament utilisé contre la goutte, permettait de réduire la gravité de la maladie. Sur 4 500 patients infectés par le virus, la moitié a reçu le médicament et la seconde partie du groupe a pris un placebo. Dans le premier groupe, la colchicine a permis de diminuer le taux d’hospitalisation de 25% et le taux de décès de 44%. Le traitement présente toutefois un risque élevé d’effets secondaires, si ces résultats sont positifs, le chemin est encore long avant une éventuelle autorisation. Ces derniers mois, un autre médicament avait suscité l'espoir avant d'être écarté : l'hydroxychloroquine, plusieurs études ont démontré son inefficacité pour traiter les patients infectés.