La pollution lumineuse est néfaste pour l’environnement, mais aussi pour notre santé. Elle représente toutes les sources de lumière qui éclairent la nuit. "Alors qu’une utilisation plus importante de lumières artificielles la nuit est souvent associée à une meilleure prospérité économique, explique Muzhe Yang, professeur d’économie au sein de l’université de Lehigh, notre étude souligne les effets positifs négligés de l’obscurité sur notre santé." Avec son équipe, il s’est intéressé aux conséquences de la pollution lumineuse sur la santé des plus jeunes. Ils constatent qu’elle est néfaste y compris pour les foetus. Leurs résultats sont présentés dans Southern Economic Journal.
Les étoiles, un outil de mesure de la pollution lumineuse
Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont mesuré les halos lumineux, il s’agit des dômes de lumière présents au-dessus des villes pendant la nuit. Ils constatent qu’une luminosité accrue pendant la nuit, définie par le fait de ne voir qu’un quart à un tiers des étoiles dans un ciel non-pollué, est associé à une augmentation de 12,9% du risque de naissance prématurée. La pollution lumineuse est également associée à un poids faible à la naissance et à une réduction du temps de gestation.
Une perturbation du rythme circadien
Pour l’auteur principal de cette étude, la perturbation du rythme circadien, soit notre horloge biologique, pourrait expliquer ces conséquences de la pollution lumineuse sur les enfants. Elle entraîne des troubles du sommeil dont les conséquences peuvent toucher le foetus. "Nous devons prendre en compte le fait que l’horloge biologique, c’est-à-dire le rythme circadien, du corps humain, a besoin de l’obscurité pour réguler les fonctions physiologiques, dont le sommeil", indique-t-il. Or les lumières artificielles utilisées la nuit perturbent ce rythme, même si elles sont devenues essentielles aux sociétés modernes.
Un risque plus élevé d’insomnie chronique
D’autres recherches se sont intéressées aux conséquences de la pollution lumineuse sur notre santé. En 2018, pour la première fois, des chercheurs coréens ont prouvé que ces lumières nocturnes, caractéristiques des villes, provoquent des insomnies. Leur étude a été réalisée auprès de 52 027 personnes, âgées de 60 ans ou plus. Les scientifiques ont constaté que plus il y avait de pollution nocturne, plus le nombre de personnes consommant des somnifères était élevé. "Nos résultats confirment que l'éclairage extérieur pourrait être lié à la privation de sommeil", analyse Kyoung-bok Min, directeur de la recherche. Ces insomnies récurrentes réduisent la vigilance, augmentent le risque d’accident, diminuent la concentration et la mémoire, et créent également une attirance pour les produits gras et sucrés. En France, une personne sur cinq souffre d’insomnie chronique.