- La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie de la rétine qui touche les personnes à partir de 50 ans.
- Selon l'OMS, cette maladie touchera potentiellement 300 millions de personnes en 2040.
- La pollution atmosphérique, particulièrement aux particules fines PM2,5 aggraverait de 8% le risque de développer la DMLA.
Pour garder une bonne vue le plus longtemps possible, il faut faire attention à la pollution atmosphérique. C’est la conclusion dressée par des chercheurs anglais dans le cadre de leur étude sur la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). D’après eux, la pollution atmosphérique est liée à un risque accru de perte progressive et irréversible de la vue. Les résultats ont été publiés dans le British Journal of Ophtalmology.
Une maladie qui touchera 300 millions de personnes en 2040
La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie qui touche la rétine à partir de 50 ans. Elle se caractérise par une dégénérescence progressive de la macula, soit la partie centrale de la rétine. Cette pathologie est favorisée par le tabagisme, le patrimoine génétique de chacun mais également par l’âge. Ainsi, la DMLA est une maladie indolore mais qui entraîne une distorsion dans le champ de vision, rendant toutes les images floues et “bombées”. La DMLA est la principale cause de cécité irréversible chez les plus de 50 ans dans les pays à revenu élevé. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la DMLA touchera potentiellement 300 millions de personnes d’ici 2040.
Afin de comprendre les effets de la pollution sur la vue, l’équipe de chercheurs a relevé le niveau de pollution de l'air ambiant aux particules fines (PM2,5), au dioxyde d'azote (NO2) et aux oxydes d'azote (NOx) grâce aux estimations fournies par Unité des statistiques sanitaires des petites régions dans le cadre du projet BioSHaRE-EU sur les déterminants environnementaux de la santé.
Stress oxydatif et inflammation de la rétine
Pour cela, les chercheurs se sont appuyés sur les données de 115 954 participants à l'étude de la Biobank britannique (UKBB) âgés de 40 à 69 ans et ne présentant aucun problème oculaire au début de cette étude en 2006. Pour tenir le compte, les participants ont été invités à signaler tout diagnostic formel de DMLA posé par un médecin et indiquer les changements structurels dans l'épaisseur et/ou le nombre de récepteurs de lumière dans leur rétine. De plus, 52 602 personnes ont été évaluées grâce à de l’imagerie rétinienne (une technique de tomographie par cohérence optique non invasive).
Sur le nombre total de participants à l'étude, 1 286 (un peu plus de 1%) ont reçu un diagnostic de DMLA. Parmi les 52 602 personnes dont les yeux avaient été évalués, 75% de celles ayant reçu un diagnostic clinique de DMLA présentaient des signes de DMLA à l'imagerie rétinienne, contre seulement 12 % de celles n'ayant pas reçu de diagnostic clinique de DMLA. En prenant en compte les facteurs potentiellement influents, notamment les conditions de santé et le mode de vie, l'analyse des données montre qu'une exposition plus élevée aux particules fines PM2,5 est associée à un risque plus élevé (8%) de DMLA, tandis que tous les autres polluants, à l'exception des particules grossières, sont associés à des modifications de la structure de la rétine.
Selon leurs observations, la pollution de l'air ambiant aurait un lien plausible à la DMLA à cause du stress oxydatif et de l’inflammation que subissent nos yeux. “Il est possible que les caractéristiques structurelles observées ne soient pas liées à la DMLA, mais qu'elles soient associées à une toxicité rétinienne induite par la pollution. Cependant, la direction des relations entre la pollution de l'air et la DMLA et les épaisseurs de couche rétinienne associées indiquent qu'une exposition plus importante à la pollution de l'air peut rendre les cellules plus vulnérables et augmenter le risque de DMLA. Nos résultats viennent s'ajouter aux preuves croissantes des effets néfastes de la pollution de l'air ambiant, même dans le cadre d'une exposition relativement faible. Si elles sont reproduites, cela confirmerait l'idée que la pollution de l'air est un facteur de risque modifiable important pour la DMLA”, concluent les chercheurs.