- Le cycle lunaire et le cycle menstruel des femmes étaient jadis synchronisés selon les chercheurs.
- Comme chez certains animaux, la synchronisation des deux cycles permet d'optimiser les chances de concevoir un enfant.
- Cependant, avec l'essor des lumières artificielles et le décalage des horaires de lever et de coucher, les deux cycles se sont peu à peu désynchronisés.
Comme la Lune peut changer le cycle de reproduction chez certains animaux, peut-elle influer sur le cycle menstruel des femmes? Lune et cycle menstruel résonnent ensemble depuis des millénaires et Charles Darwin, lui-même, le père de la théorie de l'évolution, croyait en l'influence de la Lune sur les règles. Selon des chercheurs de l’université de Wurtzbourg (Allemagne), il existerait bien un lien entre le cycle menstruel et le cycle lunaire. Les résultats de cette étude ont été publiés le 27 janvier 2021 dans la revue Science Advances.
Un rythme que les femmes auraient perdu
Selon l’hypothèse des chercheurs, le comportement reproductif humain et le cycle menstruel féminin étaient synchronisés avec la Lune dans l’Antiquité, mais nos modes de vie actuels et la lumière artificielle ont largement modifié cette synchronisation.
“Nous connaissons de nombreuses espèces animales dont le comportement reproductif est synchronisé avec le cycle lunaire pour augmenter le succès de la reproduction, indique Charlotte Förster, titulaire de la chaire de neurobiologie et de génétique à l’université de Wurtzbourg. Étant donné que le cycle menstruel des femmes est d'une durée similaire au cycle lunaire avec ses 29,5 jours environ, un lien semble probable”. Des études plus anciennes évoquaient déjà ce lien, en démontrant par exemple que les femmes dont le cycle est synchronisé avec celui de la Lune ont une plus grande probabilité de tomber enceinte.
Afin de constater la véracité de cette hypothèse, les chercheurs ont étudié le déroulement des cycles menstruels de 22 femmes qui avait consigné dans une carnet le rythme de leur menstruation, dont une participante qui a noté tout son cycle menstruel pendant 32 ans. Ces données ont ensuite été comparées au cycle lunaire en place à ce moment-là. “Scientifiquement parlant, la Lune présente trois cycles distincts qui changent périodiquement sa luminance et la gravité avec laquelle elle frappe la Terre, analyse Charlotte Förster. D'une part, il y a le changement entre la pleine lune et la nouvelle lune qui a lieu en moyenne tous les 29,53 jours avec de légères variations. D'autre part, la Lune ne fait pas le tour de la Terre sur une orbite fixe. Au contraire, sa position varie par rapport à l'équateur. Elle est parfois plus au nord, parfois plus au sud. Ce cycle dure 27,32 jours. Le troisième cycle est un peu plus long, avec une moyenne de 27,55 jours. Il résulte du fait que la Lune accompagne la Terre sur une orbite elliptique et est donc parfois plus proche, parfois plus éloignée.”
Une synchronisation en fonction de l'âge
Tous ces changements de position de la Lune ont une incidence sur la lumière lunaire reçue par la Terre mais aussi sur la gravité, comme on peut le voir avec les marées. Notons toutefois que la Lune n’a pas d’effets sur toutes les femmes. Comme le rapportent les chercheurs, en moyenne, chez les femmes de moins de 35 ans, les menstruations sont synchronisées avec la pleine lune ou la nouvelle lune dans un peu moins d'un quart des cas. Au-delà de 35 ans, cette synchronisation opère à peine une fois sur dix.
La synchronisation des cycles lunaires et menstruels ne diminue pas seulement avec l’âge, elle fluctue aussi en fonction de l’exposition à des sources de lumière artificielle la nuit. Les “oiseaux de nuit” typiques, qui se couchent tard et laissent les lumières allumées plus longtemps, ne présentent pas de synchronisation évidente avec la Lune.
Pour Charlotte Förster et ses collègues, toutes ces observations suggèrent que l'organisme humain peut réagir non seulement aux changements rapides de la gravité, tels qu'ils sont perçus par le système d'équilibre, mais aussi aux changements gravitationnels lents et périodiquement récurrents.
Toutefois, elle reste consciente des limites de son étude en raison du nombre relativement faible de femmes étudiées. Elle espère développer une prochaine étude en se servant d’un téléphone portable pour toucher plus de monde et mieux comptabiliser les cycles menstruels. Celle-ci permettra d'étudier la relation entre les cycles menstruels et lunaires et l'influence de la lumière artificielle sur un grand nombre de femmes à travers le monde.