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Traitement d'avenir ?

Cancer du pancréas : une administration des traitements par nanoparticules est prometteuse

Par Charlotte Arce

L’encapsulation de médicaments dans des nanoparticules permettrait de cibler les tumeurs cancéreuses du pancréas, tout en préservant le reste de l’organisme.

Meletios Verras/iStock
Encapsulés dans des nanoparticules, les deux traitements standards d'une forme agressive du cancer du pancréas permettent de supprimer la croissance des cellules cancéreuses
Cette technique protègerait aussi l’organisme des effets toxiques des médicaments

Les nanoparticules sont-elles l’avenir des traitements anti-cancer ? Ayant déjà fait leurs preuves dans plusieurs études cliniques, ces particules dont le diamètre nominal est inférieur à 100 nanomètres (nm) s’avérerait très efficace pour traiter l'adénocarcinome canalaire du pancréas, la forme la plus agressive de cancer du pancréas. En encapsulant le traitement, elles permettraient en effet de cibler plus efficacement les tumeurs tout en évitant les effets secondaires toxiques pour le reste de l’organisme grâce à leur dosage minimal, révèle une nouvelle étude publiée début janvier dans la revue Molecular Pharmaceutics.

Un cancer souvent mortel

Bien que le cancer du pancréas représente 2% de toutes les tumeurs, il est la 4e cause de mortalité par cancer dans les pays industrialisés. L'adénocarcinome canalaire du pancréas en est l’une des formes les plus agressives, avec un fort taux de mortalité. Le taux de survie à cinq ans est ainsi estimé à 8 %.

Actuellement, ce cancer est traité par gemcitabine qui n’offre qu’une modeste amélioration des chances de survie des patients, d’autant que les tumeurs cancéreuses du pancréas développent souvent une résistance à ce traitement standard.

Depuis quelques années, un nouveau traitement, plus efficace, a été mis au point. Appelé inhibiteur des récepteurs kinases extracellulaires (ERKi), il permet de ralentir la croissance tumorale mais a des effets secondaires très lourds : toxique, il peut causer des dommages à d’autres organes. Il ne se dissout pas dans l’eau, ce qui rend difficile la préparation d'une formulation efficace. Enfin, il a tendance à se décomposer dans l'organisme, ce qui limite son efficacité.

Mis au point par des chercheurs du Centre médical des vétérans de Kansas City et de l'Université d'État du Dakota du Nord (États-Unis), ce nouveau système d’administration de la gemcitabine et l'ERKi par des nanoparticules, rendraient ces médicaments plus efficaces et plus sûrs.

Un mode d’administration très efficace

Faites de polymères, les nanoparticules sont conçues pour libérer les médicaments lorsqu’elles entrent en contact avec un environnement au pH plus faible que celui de l’organisme, comme c’est le cas avec les cellules tumorales. Cette technique permet de cibler spécifiquement les cellules cancéreuses et protège l’organisme des effets toxiques des médicaments qu’elles contiennent. Par ailleurs, précisent les chercheurs, l’utilisation des nanoparticules pour délivrer les médicaments permet d'administrer une dose plus élevée sans avoir besoin de plusieurs doses séparées, ce qui rend le traitement plus efficace.

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont utilisé l’encapsulation en nanoparticules pour administrer différentes combinaisons de la gemcitabine et l'ERKi sur des cellules cancéreuses cultivées en laboratoire. Les tests ont montré que cette combinaison supprimait la croissance des cellules cancéreuses. Les résultats ont également montré que cette méthode d'administration est "nettement" plus efficace que l'administration des médicaments sans les nanoparticules. De plus, l'ajout d'ERKi à la gemcitabine augmente la sensibilité du corps à la gemcitabine. Les deux médicaments agissent en synergie pour lutter contre le cancer, selon les chercheurs.

Bien que nécessitant des recherches supplémentaires, cette méthode d’administration par nanoparticules est prometteuse, non seulement pour lutter contre le cancer du pancréas, mais aussi d’autres types de cancer, tels que les cancers du sein, de la prostate et des ovaires. Selon les auteurs de l’étude, les nanoparticules de polymères peuvent être combinées avec différents médicaments de chimiothérapie pour cibler les tumeurs dans différentes parties du corps.