Le retard vaccinal continue de s’accentuer. Cette fois, la faute n’est pas à mettre sur le compte d’un problème d’organisation mais bien sur une pénurie des stocks, à la fois des doses et des seringues. Résultat, les Agences régionales de santé (ARS) d’Île-de-France, des Hauts-de-France et de Bourgogne Franche-Comté ont annoncé que les personnes qui souhaitent se faire vacciner vont devoir patienter plus longtemps que prévu. Ce vendredi 29 janvier, ce sont 100 000 rendez-vous en moins qui sont ouverts pour recevoir la première injection, avec 400 000 places contre les 500 000 annoncés en début de semaine par le ministre de la Santé.
En février, plus de secondes injections que de primo-injections
Le laboratoire Moderna a annoncé qu'il prévoyait de livrer moins de doses de vaccin que prévu, a relayé le ministère de la Santé. Au total, c’est un quart des doses, soit 150 000 sur les 600 000 initialement prévues, qui n’arriveront pas comme prévu dans les congélateurs. Cela s’ajoute aux 200 000 doses du vaccin Pfizer prévues la semaine dernière qui ne sont pas arrivées non plus. Et pour le vaccin AstraZeneca, en attente d’une autorisation par l’Agence européenne des médicaments qui doit intervenir ce vendredi, ce sont 60% des doses commandées qui ne devraient pas être livrées.
Le retard annoncé dans la prise de rendez-vous s'explique donc par ces problèmes dans l’importation des vaccins mais également par la nécessite de sécuriser la deuxième dose. Le gouvernement a indiqué vouloir maintenir le délai de 28 jours entre l’injection des doses, comme recommandé par les laboratoires qui ont développé les vaccins. Le mois de février sera donc prioritairement celui de la seconde injection plutôt que de la première. En Bourgogne Franche-Comté, l’ARS a d’ores-et-déjà indiqué que seules des secondes injections auront lieu en février. En Île-de-France, où la situation est moins tendue, il y aura bien des primo-injections “dans les 15 jours suivants au maximum”, a indiqué l’ARS. En tout, 1 million de premières injections sont prévues en février sur le territoire et 1,4 million de deuxièmes injections, a indiqué le ministère de la Santé.
Les seringues serties, un produit rare devenu essentiel
L’autre souci concernant cette campagne de vaccination, c'est la pénurie de seringues qui se profile. Les flacons distribués par Pfizer contiennent en théorie cinq doses mais les soignants se sont rapidement rendus compte qu’une sixième dose pouvait être extraite grâce à des seringues spécifiques, appelées seringues serties. Une possibilité confirmée début janvier par les agences du médicament européenne et américaine. Problème, la production de ces seringues est “limitée” a indiqué le groupe américain Becton Dickinson, plus grand producteur de seringues au monde, le 25 janvier. La demande de ces “produits de niche” que sont les seringues serties est “traditionnellement minime”, a confié Troy Kirkpatrick, un porte-parole de Becton Dickinson à l’AFP. “Pour cette raison, ces produits ont une capacité de production limitée et il faudrait du temps” pour l’augmenter, ajoute-t-il.
Après avoir extrait les cinq doses du flacon, il reste une petite quantité de liquide vaccinal appelée volume mort. Utiliser une seringue sertie permet de retenir moins de volume mort et, grâce au fait qu’il ne faut qu'une très petite quantité de produit pour vacciner une personne, de pouvoir récupérer une sixième dose qui est particulièrement utile face à la pénurie de vaccins.