Objet de terreur au Moyen-âge, la lèpre est une maladie très contagieuse. Elle se transmet à partir des sécrétions nasales et des gouttelettes de salive ou par une promiscuité prolongée avec une personne non traitée. "Pour casser la chaîne de la transmission, la lèpre nécessite donc, comme la Covid-19, un dépistage de l'ensemble des contacts dès l'apparition d'un cas, ce qui demande des moyens médicaux et sanitaires", explique la fondation Raoul Follereau, à l’occasion de cette journée mondiale de lutte contre la lèpre. Une différence de taille existe pourtant entre les deux pathologies : contrairement à la lèpre, la Covid-19 a vu la création en un temps record d'un vaccin.
200 000 nouveaux cas de lèpre sont ainsi toujours recensés chaque année dans le monde. La France n'est pas épargnée, avec une soixantaine de cas dans les DOM-ROM : à Mayotte (56 cas), en Nouvelle Calédonie (7), en Polynésie (5), à la Réunion (2 cas importés de Mayotte) et en Martinique.
Au Moyen-âge, des millions de cas de lèpre dans le monde
Les textes anciens témoignent de la présence de la lèpre en Chine, en Inde et en Egypte environ 600 ans avant J-C. À la suite des Croisades, elle atteint son apogée en Europe aux XIIe et XIIIe siècles. "A cette époque, on sait il y a des millions de cas de lèpre dans le monde, même si on ne dispose pas de chiffres exacts", explique le Dr Christian Johnson, président de l'Association Mondiale contre la Lèpre. Elle inspire alors une terreur telle que les lépreux sont frappés de mort civile et rejetés de la communauté humaine après une cérémonie religieuse dite separatio leprosorum. Sont constuites pour les recueillir environ 19 000 léproseries dans toute la chrétienté, et près de 2 000 en France. À partir du XIVe siècle, la lèpre décline rapidement en Europe. "Cette diminution du nombre de cas est liée au développement économique, qui a amélioré les conditions de vie et fait baisser l’ensemble des maladies infectieuses", poursuit Christian Johnson.
"La lèpre ne tue pas, mais handicape à vie"
Le bacille de la lèpre se multiplie très lentement : la période d’incubation de la maladie est de 5 ans en moyenne, mais les symptômes peuvent parfois n’apparaître qu’au bout de 20 ans. La maladie provoque des lésions cutanées et nerveuses. Sans traitement, ces lésions progressent et deviennent permanentes, touchant la peau, les nerfs, les membres et les yeux. "La lèpre ne tue pas, mais handicape à vie", résume Christian Johnson. On distingue deux types de lèpre : paucibacillaire (une à cinq lésions cutanées insensibles) et multibacillaire (plus de cinq lésions cutanées insensibles).
Le traitement préconisé par l’OMS depuis 1981 permet de guérir les malades et d’éviter, s’il est administré précocement, les invalidités. Il s’agit d’une polychimiothérapie (PCT), qui consiste en l’administration de trois antibiotiques (dapsone, rifampicine et clofazimine). La lèpre paucibacillaire peut être guérie en 6 mois et la lèpre multibacillaire en 12 mois*. Il n’existe toujours pas de vaccin à ce jour.
*Source : institut Pasteur.