Une femme âgée a deux fois plus de risque d’être atteinte de la maladie d’Alzheimer, en comparaison à un homme. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette différence : l’espérance de vie plus élevée des femmes, le fait qu’elles sont plus touchées par la dépression, la chute du taux d’œstrogène à la ménopause, etc. Une équipe de recherche franco-britannique a travaillé sur un autre facteur de risque : le niveau d’éducation.
Des différences de moins en moins significatives
Dans The Lancet, ils montrent comment un niveau d’études peu élevé augmente le risque de développer la maladie. Les scientifiques rappellent que les personnes très âgées, et donc particulièrement à risque de développer la maladie d’Alzheimer, sont celles nées entre 1920 et 1940. Or à cette époque, les femmes faisaient moins d’études que les hommes. Ils ont confirmé cette hypothèse grâce à des travaux réalisés auprès de deux cohortes de patients. Trois catégories d’âge ont été prises en compte : les personnes nées entre 1930 et 1938, celles nées entre 1939 et 1945 ainsi qu’un groupe né entre 1946 et 1955. Ils constatent que les différences de risque d’Alzheimer entre hommes et femmes diminuent avec les années. D’après eux, l’allongement de la durée des études supérieures pour les femmes en est la cause. D’autant que les résultats montrent que les femmes ont de meilleurs résultats aux tests de mémoire.
Les études, une protection contre la maladie ?
En 2014, une équipe de l’Inserm constatait déjà l’impact du niveau d’études sur le risque de développer la maladie. Ils ont constitué une cohorte de 442 patients avec des niveaux d’études différents. Chez les personnes les plus éduquées, les premiers symptômes de déclin cognitif apparaissent entre 15 et 16 ans avant le diagnostic, contre sept ans pour les personnes les moins éduquées. Les personnes avec des diplômes plus importants ont généralement une longue période asymptomatique : le déclin cognitif est très léger, et n’a pas de répercussion sur la vie quotidienne. "Chez les personnes qui n’ont pas fait d’études, les symptômes cognitifs sont d’emblée plus marqués et les répercussions sur la vie quotidienne sont immédiates, ajoute Helene Amieva, co-autrice de l’étude. La première phase de déclin sans répercussion fonctionnelle semble ne pas exister."
Quel est le lien entre niveau d’éducation et risque d’Alzheimer ?
D’après elle, le fait d’avoir fait des études stimule nos capacités intellectuelles, à cet âge, cela créé une "réserve cognitive" et permet de mobiliser les réseaux neuronaux qui vont compenser les lésions cérébrales. "Des données d’imagerie montrent bien que le volume de matière grise est plus important chez les personnes qui ont fait des études que chez celles qui n’en ont pas fait. Cette différence correspond à plus de neurones, et plus de connexions synaptiques." Cette dotation supplémentaire permet au cerveau de s’adapter davantage aux conséquences du déclin cognitif.