Des lunettes connectées pour venir en aide aux enfants dyslexiques. C’est la promesse faite par la start-up bourguignone Abeye qui vient de développer des lunettes d’un genre particulier en collaboration avec l’opticien Atol.
Appelées Lexilens, elles s’appuient sur les travaux de deux chercheurs en physique des lasers de l’Université de Rennes, Albert Le Floch et Guy Ropars. Lauréats en décembre dernier du prix de l'Académie Nationale de Médecine pour leurs travaux publiés en octobre 2017 dans la revue The Royal Society, ils ont découvert que c'est dans une zone de la rétine appelée fovéa que se situerait l'origine de la dyslexie visuelle.
Une suppression de l’image miroir
Touchant 4 à 5 % des enfants par classe d’âge, la dyslexie est un trouble spécifique et durable de l’apprentissage. Elle se manifeste par une grande difficulté à lire, à écrire et à assimiler l’orthographe, ce qui nuit à l’apprentissage et à la réussite scolaire de nombreux enfants et adolescents.
En examinant dans les yeux de minuscules récepteurs de la lumière, les centroïdes de la tâche de Maxwell, les deux chercheurs ont découvert que ceux-ci, normalement asymétriques d'un œil à l'autre, étaient identiques chez les personnes souffrant de dyslexie. Résultat, celles-ci ne possèdent pas ce que l'on appelle l'œil directeur, celui que l'on utilise par exemple pour viser, ce qui entraîne la création d'images miroirs dans le cerveau et l'incapacité de ce dernier à choisir la bonne image.
Patron de la start-up Abeye, Michael Kodochian s’est appuyé sur les travaux des chercheurs rennais pour développer les lunettes palliatives Lexilens. Ces dernières sont dotées de filtres électroniques qui permettent de supprimer l’image miroir.
Une efficacité de 75 à 90 %
Les premiers tests, réalisés en laboratoire, font état d’une efficacité dans "plus de 90 % des cas", affirme Michael Kodochian, cité par L’Usine Digitale. Les tests en magasins affichent un taux de 75 % d’efficacité. Ces résultats seront bientôt détaillés dans une étude clinique menée par Abeye et Atol en double aveugle et cross over. Ces nouveaux travaux permettront également d'étudier l'apport exact des lunettes en fonction des différentes formes de dyslexies.
Créées en collaboration avec Atol, qui les conçoit et les fabrique en France, les lunettes Lexilens devraient être disponibles dans le courant de l’année. Dans un premier temps, seule une monture destinée aux enfants sera commercialisée. Il est dès à présent possible de les tester chez les opticiens Atol. Certifiées comme dispositif médical de classe I, elles sont affichées au prix de 399 euros.