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Fibroblastes associés au cancer

Cancer colorectal : une nouvelle cible thérapeutique pour inhiber la progression des tumeurs

Par Charlotte Arce

Des chercheurs de l’université de Nagoya au Japon ont distingué deux types de cellules du tissu conjonctif appelées fibroblastes, dont l’un est cancérigène. Selon eux, maintenir l’équilibre entre les deux pourrait freiner la propagation des tumeurs cancéreuses colorectales.

Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStock
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L'expression de protéines spécifiques, gremlin 1 et méfline, par les fibroblastes associés au cancer (CAFs) a pour conséquence de favoriser ou de freiner la croissance du cancer colorectal.

Troisième cancer le plus fréquent chez l’homme et le deuxième chez la femme, le cancer colorectal (du côlon et du rectum) représente près de 12% de l’ensemble des décès par cancer en France, notamment chez les plus de 65 ans. Il est caractérisé par l’apparition d’une ou plusieurs tumeurs qui se développent à partir des cellules qui tapissent la paroi interne du côlon et du rectum.

Dans une étude publiée dans la revue Gastroenterology, des chercheurs de l’université de Nagoya (Japon) ont peut-être trouvé une stratégie pour freiner la progression des tumeurs : modifier artificiellement l’équilibre entre les fibroblastes cancérigènes et les fibroblastes anticancéreux.

Le rôle-clé des fibroblastes

Lorsque des cellules cancéreuses apparaissent dans l’organisme, elles ne sont pas isolées mais se mélangent à des cellules saines. Grâce à des échanges moléculaires, les cellules cancéreuses "réveillent" notamment les fibroblastes présents dans les tissus voisins. Extrêmement abondantes, ces cellules de soutien présentes dans le tissu conjonctif sont impliquées dans la progression du cancer colorectal. De précédentes études ont en effet montré que les fibroblastes présents dans les tissus cancéreux, appelés fibroblastes associés au cancer (CAFs), se divisent en au moins deux catégories : ceux qui favorisent la progression du cancer et ceux qui la freinent.

Selon les auteurs de l’étude, entraver la fonction des CAFs cancérigènes pourrait prévenir la progression du cancer. Ils se sont donc intéressés aux protéines morphogénétiques osseuses (BMP). Sécrétées par les cellules stromales, elles sont associées à la progression du cancer lorsqu’elles se trouvent dans les tissus cancéreux du côlon.

Deux protéines impliquées

Pour savoir si les CAFs cancérigènes conduisent les BMP à être impliquées dans la progression du cancer colorectal, les chercheurs ont d’abord identifié les gènes liés aux BMP qui sont spécifiquement exprimés dans les CAFs colorectaux. Deux types de protéines, appelées meflin et gremlin 1, ont été identifiées comme étant codés par de tels gènes.

En étudiant le rôle joué par ces protéines dans la progression du cancer colorectal auprès de patients, les chercheurs ont constaté que ceux ayant une expression élevée de méfline ont un pronostic favorable, tandis que ceux qui ont une expression élevée de gremlin 1 ont un pronostic défavorable.

Des expériences complémentaires menées sur des souris ont montré que la prolifération des cellules cancéreuses colorectales peut être supprimée par l'administration d'un anticorps neutralisant la gremlin 1 ou par la surexpression de la méfline.

"Nous émettons l'hypothèse que les CAFs par la gremlin 1 favorisent la progression du cancer en diminuant la signalisation des BMP, tandis que les CAFs par la méfline freinent la croissance du cancer en renforçant la signalisation des BMP", avance le Pr Atsushi Enomoto, co-auteur de l’étude. Selon lui, l'intensification de la signalisation des BMP du stroma, soit en utilisant un anticorps neutralisant la gremlin 1 ou en surexprimant la méfline, pourrait être une stratégie thérapeutique intéressante pour traiter le cancer colorectal.