- Près d'un détenu sur deux souffrirait de symptômes correspondant au syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et un sur deux a déclaré avoir subi des crises de panique au cours des douze derniers mois.
- Une combinaison de ces deux troubles, associés à l'alcoolo-dépendance, indique un risque plus important d’avoir des comportements violents.
- Cette découverte pourrait permettre de mettre en place des programmes de prévention et de dépistage dans les centres pénitentiaires.
Lorsqu’ils sont combinés, certains troubles mentaux peuvent décupler le risque de commettre des infractions violentes.
C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’université de Caroline de l’Ouest (WCU) aux États-Unis en suivant des détenus de trois centres pénitentiaires de l’État de Caroline du Nord. Dans le Journal of Criminal Psychology, ils expliquent avoir découvert qu’un nombre très important de détenus ayant été incarcérés pour des faits de violence souffraient de stress post-traumatique, de troubles paniques ainsi que de troubles liés à leur consommation d’alcool. La combinaison de ces trois conditions augmenterait la probabilité de commettre des infraction violentes.
Un comportement violent qui s’explique dans un cas sur deux
L’étude du passé des détenus masculins volontaires montre qu’environ 50 % d’entre eux présentaient des symptômes correspondant au syndrome de stress post-traumatique (SSPT), une condition qui désigne un ensemble de réactions survenant chez des personnes ayant vécu un événement traumatisant (attentats, viol, torture, accident grave, agression…). La plupart des personnes ayant développé un SSPT souffrent de troubles du sommeil (insomnies, cauchemars), de dépression, développent des addictions, un sentiment d’irritabilité, une peur intense, de la colère, qui peut parfois conduire à des accès de violence. Plus d'un tiers de l'échantillon répondait aux critères d'un SSPT modéré ou sévère.
Environ un quart des détenus a également déclaré avoir eu des crises de panique au cours des douze derniers mois. "Une autre conclusion importante concerne la proportion relativement importante de détenus ayant subi des attaques de panique et le lien entre cette condition et les accusations de violence", souligne Al Kopak, professeur associé de criminologie et de justice pénale à la WCU et co-auteur de l’étude.
Selon lui et Alexa Barrett, co-autrice, il est possible que les détenus de sexe masculin qui subissent des attaques de panique puissent être impliqués dans un comportement violent agressif en réponse à des événements stressants de la vie.
Prévenir et dépister les comportements violents
Désormais, les auteurs des travaux souhaitent que leurs conclusions puissent aider au développement de programmes de prévention et d’intervention dans les centres de détention afin d’aider les détenus pendant leur période d’incarcération, mais aussi pour les préparer à réintégrer la société une fois libérés.
Ils souhaitent également que leurs travaux servent au personnel pénitentiaire qui "pourrait être intéressé par le développement d'un processus de dépistage rapide dans lequel les détenus mis en détention pour des accusations violentes soient automatiquement identifiés et évalués pour ces trois troubles mentaux", conclut le Pr Kopak.