Et si le confinement n’était pas la solution ? Jean Castex a annoncé vendredi dernier qu’un troisième confinement n’est pas d’actualité et qu’il est remplacé par le maintien du couvre-feu national à 18 heures et par de nouvelles mesures restrictives comme la fermeture des centres commerciaux non-alimentaires de plus de 20 000 mètres carrés. Une étude, publiée le 5 janvier dans le European Journal of Clinical Investigation, conforte cette décision et affirme que des confinements stricts n'apportent “pas d'avantages significatifs” dans la lutte contre la propagation du Covid-19.
Les confinements entraînent l’effet inverse
Les chercheurs ont comparé l’augmentation du nombre de cas de contamination à la Covid-19 dans huit pays qui ont mis en place des confinements stricts (France, Angleterre, Iran, Pays-Bas, Italie, Espagne et les États-Unis) avec la Suède et la Corée du Sud. Ces deux pays ont opté pour la mise en place de mesures plus légères et n’ont pas interdit les déplacements de la population ou la fermeture des commerces. Les chercheurs admettent toutefois que comparer ces pays est “difficile” en raison “des règles, des cultures et des relations différentes entre le gouvernement et les citoyens”.
L’étude conclut que les avantages des mesures de confinement ne compensent pas leurs inconvénients. “Les données ne peuvent pas exclure totalement la possibilité de certains avantages [mais] même s'ils existent, ces avantages ne peuvent compenser les nombreux inconvénients de ces mesures agressives, ont conclu les chercheurs. Des réductions similaires de la croissance des cas peuvent être obtenues avec des interventions moins restrictives.” Ces derniers estiment même que les confinements entraînent l’effet inverse en augmentant le nombre de cas en favorisant les contacts dans des espaces clos.
Focus sur la Suède
En regardant de près les mesures mises en place en Suède, elles tiennent de la responsabilisation de la population, plus simple à mettre en place puisque la densité et le nombre d’habitants sont plus faibles. Ainsi, la quasi-totalité des collèges, lycées et des universités ont fermé leurs classes et ne fonctionnent qu'à distance même si cette règle n’est pas obligatoire. Une enquête de l'Agence nationale pour l'éducation a montré que les deux tiers des collèges ont opté pour le distanciel et la plupart des lycées sont fermées. La même chose est applicable pour le télétravail. Le port du masque n’est pas obligatoire mais fortement recommandé dans les transports aux heures de pointe. Par ailleurs, ce n’est que depuis la mi-janvier que le Parlement a voté pour une loi permettant au gouvernement de fermer certains lieux publics, comme les salles de sport ou les commerces.
Cette manière de faire suédoise a conduit le pays à avoir des résultats constants depuis le début de la crise tandis que la France fait plutôt les montagnes russes. Des données issues de l’application de déplacements urbains et calculs d'itinéraires Citymapper a révélé qu’à Paris la fréquentation des rues passent d’un quasi-désert pendant les confinements confinements (5% lors du premier et 25% lors du deuxième) à des niveaux très élevées le reste du temps, jusqu’à atteindre 90% de ses capacités à la rentrée et dorénavant la moitié de la normale. À Stockholm, sans confinement ni couvre-feu, la fréquentation est systématiquement restée entre 30% et 40%, exceptée lors de la rentrée. La fréquentation des restaurants est un autre exemple : un rapport de mobilité Google publié le 24 janvier avance que la fréquentation des restaurants, cafés et bars a baissé de 31% comparée à une période normale alors qu’il n’a baissé que de 41% en France où ces établissements sont fermés mais où la vente à emporter est autorisée. Cela s’explique par un respect étroit des règles de distanciation sociale et l’interdiction de vente de boisson alcoolisée après 20 heures.