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QUESTION D'ACTU

Série "plan cancer"

«Avoir un cancer du sein triple négatif métastatique aujourd’hui, c’est avoir une espérance de vie limitée»

Alors que la nouvelle stratégie décennale contre le cancer va être dévoilée cette semaine, Claude Coutier, informaticienne de 51 ans, raconte son combat contre un cancer du sein triple négatif. 

\ Claude Coutier.




- Pourquoi docteur - Comment avez-vous découvert votre maladie ?

Claude Coutier - J’ai découvert que j’étais atteinte d’un cancer du sein triple négatif en juin 2018, suite à une mammographie de contrôle faite en novembre 2017. A l’époque, l’examen avait mis en évidence des microcalcifications et un nodule. Les médecins ont d’abord préféré biopser les microcalcifications, qui se sont révélées non cancéreuses. Puis, plus tard, ils ont examiné le nodule, qui s’est révélé cancéreux. De ce fait, le diagnostic a été assez long à poser, et le nodule a eu le temps de grossir.

- Vous avez fait une mammographie de contrôle avant 50 ans, âge à partir duquel on recommande aux femmes de se faire dépister. Aviez-vous des antécédents familiaux de cancer du sein ?

Non, aucun. Mais j’étais particulièrement surveillée par mon gynécologue, car j’ai des seins qui ont tendance à développer des kystes.

- En quoi le cancer du sein triple négatif est-il différent des autres ?

Il y a trois types de cancer du sein : l’hormo-dépendant, le HER2 et le cancer du sein triple négatif, qui est le parent pauvre en termes de solutions thérapeutiques. Il est aussi plus agressif que les autres, car il a tendance à métastaser beaucoup plus rapidement.  

- Quel(s) traitement(s) suivez-vous actuellement ?

Je suis suivie à l’Institut Curie (Paris), et j’ai déjà subi une mastectomie partielle. Lors de ma récidive, j’ai eu « la chance » de pouvoir accéder à l’immunothérapie atezolizumab couplée au taxol, ce qui a permis de stabiliser le développement des métastases. Depuis, j’ai arrêté le taxol, car c’était trop lourd à supporter, en espérant que l’atezolizumab seul continue de faire effet. Sinon, il faudra que je reparte sur une chimiothérapie, avec beaucoup d’effets secondaires.

- Que pensez-vous des soins qui vous sont apportés aujourd’hui en France ?

C’est une question très délicate. La vraie richesse de notre système de santé réside dans son égalité d’accès aux soins. Qu’on soit pauvre ou qu’on soit riche, on aura tous droit à la chimiothérapie, aux opérations, etc…

Par contre, la lenteur administrative qui freine l’accès aux traitements novateurs est plus critiquable. Aujourd’hui, lorsque les différentes lignes de chimiothérapies autorisées en France ne fonctionnent plus, des femmes atteintes de cancer métastatique sont orientées vers les soins palliatifs, alors qu’ils existent d’autres traitements porteurs d’espoirs en Allemagne ou aux États-Unis. Ces traitements ne fonctionnent pas tous, mais entre un pied dans la tombe et un espoir, on voudrait l’espoir.

- Vous faites-vous aider psychologiquement ?

Lors de ma récidive, j’ai fait appel à une psychologue, car c’était trop lourd à supporter. Elle m’a suivie pendant presque un an, ce qui m’a fait énormément de bien.

- Pratiquez-vous des activités physiques ou mentales pour vous aider à lutter contre votre cancer du sein ?

Je fais de l’activité physique douce, en pratiquant le stretching postural, le tai chi chuan et la marche à pied. La méditation m’aide aussi beaucoup.

- Quel est l’impact de la maladie sur votre quotidien ?

Il y a un impact psychologique important sur mes enfants, mon conjoint, mes parents… Personne n’est insensible à ce que je vis, tout le monde est perturbé. Car avoir un cancer du sein métastasique aujourd’hui, c’est avoir une espérance de vie limitée.

La maladie a aussi de lourdes conséquences professionnelles et financières. Je suis arrêtée depuis presque trois ans, donc je ne toucherai bientôt plus d’indemnités journalières. C’est une double peine.

Enfin, je ressens énormément de fatigue. Du fait de la lourdeur des traitements, je suis obligée de prendre des temps de sieste plusieurs fois par jour.  

- Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Il faudrait que ce cancer, qui touche des femmes très jeunes, soit mieux détecté, en prenant par exemple plus au sérieux les boules au niveau des seins, même avant 50 ans.  

Et il faudrait également un meilleur accès aux traitements novateurs, comme le trodelvy, dont la prescription vient d’être suspendue par l’ANSM en raison de difficulté d’approvisionnement. C’était un espoir pour de nombreuses femmes.

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