C'est le variant du variant. Alors que le variant anglais gagne de plus en plus de terrain en France, représentant jusqu’à 20% des cas en Île-de-France, des chercheurs britanniques ont découverts des cas qui sont en train d’acquérir la mutation la plus préoccupante du variant sud-africain. Concrètement, les chercheurs ont découvert la mutation E484K, également présente dans le variant brésilien, sur 11 génomes du variant anglais B.1.1.7, comme l’a rapporté l’agence de santé publique anglaise dans un rapport publié le lundi 1er février.
Une mutation qui échappe plus facilement au système immunitaire
Cette nouvelle mutation qui modifie l’ARN du virus diminuerait l’efficacité des anticorps. Elle serait apparue simultanément en Angleterre et au Pays-de-Galles et a été détectée grâce au séquençage du virus. De toutes les mutations observées jusqu’à présent, la E484K est “la plus inquiétante de toutes”, a estimé Ravi Gupta, professeur de microbiologie à l’université de Cambridge, à l’AFP mi-janvier. Elle rendrait le virus encore plus vicieux puisqu’elle est capable de réduire la capacité des anticorps à le reconnaître et donc à le neutraliser. Potentiellement, cela pourrait signifier que les personnes qui ont été infectées par ce variant présentant cette mutation soient moins bien immunisées que ceux qui ont été contaminées par la souche classique.
Sur Twitter, Ravi Gupta a confirmé que cette mutation est problématique. Avec son équipe de chercheurs ils ont créé en laboratoire un coronavirus non infectieux disposant de cette mutation et ont constaté que “E484K augmente considérablement la quantité d’anticorps nécessaire pour prévenir l’infection des cellules”. Cette nouvelle donne ne signifie pas que les vaccins seront moins efficaces. Pfizer a récemment confirmé que son vaccin est efficace contre le variant anglais et estimé qu’il l’est également sur le sud-africain, ce qui peut vouloir dire qu’il l’est également sur la nouvelle mutation du variant britannique.
La mutation, plus contagieuse que le variant ?
La question d’une sur-contagiosité de cette nouvelle mutation se pose également. Le 6 janvier, une étude prépubliée dans la revue bioRxiv, a indiqué que le variant anglais est 2,5 fois plus contagieux que la souche traditionnelle du SARS-CoV-2. En rajoutant la mutation E484K, le virus pourrait être jusqu’à 13 fois plus apte à s’accrocher à nos cellules. “Les virus sont complexes, une meilleure accroche aux cellules ne veut pas forcément dire un meilleur virus”, tempère Björn Meyer, virologue à l’institut Pasteur, interrogé par le HuffPost. S’accrocher aux cellules ne signifie pas nécessairement les pénétrer et donc les infecter et il est connu qu’un virus trop bien agrippé à son récepteur a plus de mal à l’infecter.
Une nouvelle étude, publiée le 29 janvier dans le British Medical Journal, révèle que le variant anglais entraîne des symptômes différents de ceux liés à la souche initiale. Menée sur 6 000 participants, cette étude suggère que la toux est plus présente et concerne 35% des patients contre 28% chez les patients atteints de la première souche. “On retrouve avec le variant anglais un peu moins de ces signes caractéristiques que sont la perte du goût ou de l'odorat. Il y en a, mais c'est moins fréquent, ajoute Rémi Salomon, président de la Commission médicale d'établissement des hôpitaux de Paris, au micro d’Europe 1. Par contre, on retrouve davantage la toux, peut-être aussi des éternuements, ainsi que des maux de gorge.” Ces symptômes qui génèrent des projections importantes de gouttelettes pourraient expliquer pourquoi ce variant est plus contagieux, “du moins c’est une hypothèse”, estime Rémi Salomon. De nouvelles études vont être menées en France pour approfondir ces résultats.