La mort subite en pleine nuit frappe plus fréquemment les femmes que les hommes. D’après une étude parue dans Heart Rythm, elles ont plus de risque de décéder des suites d’un arrêt cardiaque nocturne. "Mourir soudainement pendant la nuit est un phénomène troublant et dévastateur, souligne Sumeet Chugh, auteur de cette recherche et directeur du Centre pour la prévention des arrêts cardiaques. Nous avons été surpris de découvrir qu’être une femme prédit la possibilité d’un tel évènement."
Une pathologie différente des attaques cardiaques
Les arrêts cardiaques soudains sont dus à une perturbation électrique du rythme du cœur, qui provoque une interruption de ses battements. Ils sont différents des attaques cardiaques : elles sont le résultat de l’accumulation de cholestérol sur les parois des artères coronariennes, et elles génèrent différents symptômes prémonitoires. La plupart des personnes survivent à une attaque cardiaque, en revanche, seulement 10% des patients survivent à un arrêt cardiaque soudain. Aux États-Unis, les scientifiques estiment que 17 à 41% des arrêts cardiaques soudains surviennent pendant la nuit, soit entre 22 h et 6 h.
Des maladies sur-représentées
Dans cette étude, les chercheurs ont analysé les données scientifiques rattachées à 4 126 arrêts cardiaques soudains. Les femmes étaient sur-représentées dans les cas ayant eu lieu la nuit. D’après les chercheurs, les personnes atteintes d’une maladie pulmonaire étaient également plus nombreuses la nuit, ainsi que celles ayant fumé récemment. "La prévalence de la broncopneumopathie chronique obstructive et de l’asthme était plus importante dans les arrêts cardiaques survenant la nuit, en comparaison à ceux ayant lieu de jour, et ce quel quel soit le genre de la personne", indique Sumeet Chugh. Il remarque aussi que les personnes faisant des arrêts cardiaques la nuit sont plus susceptibles de prendre des médicaments affectant leur cerveau, or ceux-ci peuvent interrompre la respiration.
Comment protéger les femmes ?
Pour le Dr Chugh et son équipe, il est primordial que les médecins soient davantage prudents lorsqu’ils prescrivent des médicaments qui peuvent avoir un impact sur le cerveau, comme les sédatifs, les anti-douleurs ou les anti-dépresseurs, en particulier à des femmes. "Il est également nécessaire de continuer à faire des recherches, basées sur le sexe, en cardiologie", précise Christine Albert, qui dirige le département de cardiologie de l’Institut du cœur Smidt, du Cedars-Sinai, le centre médical dans lequel cette étude a été réalisée. Comme le rappelle la Fédération française de cardiologie, les femmes sont loin d’être épargnées par le risque cardiaque, contrairement aux idées reçues. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité pour elles, et depuis 15 ans, le nombre de crise cardiaque a triplé chez les femmes de moins de 50 ans.